N°168 - Janvier 1989

Le Lien des Cellules de Prière

  • Vie personnelle
  • Vie chrétienne
  • Intercession
  • Lien

Comment vous nourrissez-vous?

"L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toutes paroles qui sortent de la bouche de Dieu." Matthieu 4: 4.

Ce verset connu nous avertit que pour les choses spirituelles, notre croissance ne peut en aucun cas trouver sa force en nous, elle a besoin d’une nourriture.


Un restaurant ouvert
Véritable chef-lieu de la gastronomie pour les consommateurs de la foi, la Bible nous a été donnée par Dieu comme un restaurant toujours ouvert, dans le but bien précis de nous construire et de nous fortifier.

Voici quelques méthodes différentes de profiter de ce service, car comme nous le verrons, la manière dont nous venons y prendre notre repas est déterminante.


À la carte
Beaucoup de personnes lisent la Bible à la carte. Elle est pour eux un restaurant fameux dont la carte abondante permet de choisir les mets les plus délicieux. Le problème est que ces chrétiens choisissent toujours les repas qu’ils ont appréciés auparavant. Leurs menus ne sont donc pas très variés! Psaume 23, Jean 3:16, Romains 8, etc.

À force de prendre toujours les mêmes textes, ces personnes deviennent anémiques spirituellement. Leur nourriture n’étant pas équilibrée, leur croissance s’arrête…


À la roulette
D’autres personnes ont résolu le choix de leurs repas bibliques par une autre pratique: elle consiste à fermer les yeux, à lever le doigt, et sitôt le livre ouvert, à pointer une partie de la page…

Si cette méthode peut être profitable parce qu’elle fait découvrir de nouveaux passages au lecteur, elle ne donne aucune cohérence à la lecture. La Bible peut rapidement devenir un jeu de hasard dans laquelle je cherche à recevoir une parole, par des versets tirés hors de leur contexte.

Cette manière de se nourrir n’est donc pas recommandée, car la Parole de Dieu nous a été donnée comme une révélation complète que le croyant est appelé à découvrir d’une manière cohérente.


Tout manger d’un coup
Consommer la Bible du début à la fin dans un marathon culinaire. C’est souvent ainsi que commencent les nouveaux convertis remplis de zèle. Il est cependant très rare de trouver un héros ayant vaillamment survécu jusqu’à l’Apocalypse! La majorité des lecteurs finissent avec une forte indigestion, le signet croché dans le Lévitique ou au milieu de la Genèse.

Ce type de lecture ne donne donc pas une nourriture digeste; ceux qui veulent lire la Bible en entier gagneront à prendre une liste "lire la Bible en une année"; elle donne un programme de lecture beaucoup plus équilibré.


Des repas variés et complets
Une bonne façon de se nourrir, consiste à lire sa Bible d’une manière régulière en se donnant des objectifs précis: par exemple l’étude approfondie de tel livre ou de tel thème biblique. Par ce moyen le lecteur entreprend une lecture équilibrée qui va le conduire à une connaissance réelle de la Parole de Dieu. Ce mode de lecture systématique est une véritable formation biblique propice au développement d’un ministère. Ceux qui pratiquent cette lecture trouveront du profit à s’entourer d’ouvrages autorisés (commentaires, concordance, données historiques, etc.); ces appuis donnent de précieux raccourcis pour celui qui explore l’étendue biblique. Encore un mot sur cette lecture; elle demande une solide volonté.

Le plat du jour
Un moyen très profitable de lire sa Bible est de le faire avec une aide de lecture. Le grand avantage de ce type de lecture est que chaque jour un texte précis est proposé (comme un plat du jour). Le lecteur est conduit avec intelligence dans toute la Bible (qu’il lit en 4-6 ans), et cela avec un commentaire biblique faisant office d’ami expérimenté accompagnant le lecteur.

Un autre avantage: une unité communautaire. Les personnes mangeant le même repas peuvent, quand elles se retrouvent, partager la saveur de leur lecture. La Ligue pour la Lecture de la Bible s’est développée dans 90 pays autour de ce ministère; elle propose des aides de lecture pour tous les âges et cela dans plus de 150 langues.


Un repas en commun
Le groupe de prière n’est pas seulement un lieu d’intercession, mais aussi l’endroit par excellence dans lequel la Bible peut communiquer ses paroles de vie.

L’écoute de la Parole de Dieu en commun est une des écoutes les plus merveilleuses car elle est la seule à permettre un véritable partage autour du texte. Malheureusement dans beaucoup de cellules, les participants ne connaissent pas ce partage, car l’apport biblique est donné chaque fois sous forme d’une petite prédication, par le responsable de cellule.

Une manière plus vivante consiste à partager ce que Dieu a donné aux uns et aux autres dans leur lecture personnelle: soit en donnant l’occasion à chacun d’apporter un petit message ou un témoignage à tour de rôle, soit en prenant ensemble un texte sur lequel tous pourront s’exprimer.

Ce faisant, le groupe de prière devient un lieu où chacun participe; les paroles reçues la semaine trouvent un lieu pour être partagées. La dimension de ce partage donne une saveur nouvelle à bien des passages bibliques, car si dans notre voyage de la foi il nous arrive souvent de manger seul, découvrir la communion autour d’une Parole de Dieu précise est un festin sans pareil.


Conseils pour un bon repas

  • Priez en demandant à Dieu qu’il vous parle au travers de sa Parole.
  • Lisez attentivement le texte, en tenant compte du contexte et de ce qu’il dit réellement.
  • Soyez à l’écoute de ce que le Seigneur vous dit. Le texte comporte-t-il un enseignement, un ordre, une promesse, un exemple à suivre?
  • Transformez en prière ce que Dieu vous a montré: pardon, louange, reconnaissance, demande, etc.
  • Agissez selon ce que vous avez reçu, en traduisant la Parole de Dieu par des gestes de vie autour de vous.


Bon appétit!

  • Eglise
  • Onction
  • Relations et unité
  • Lien

L’unité des chrétiens

Une semaine universelle de prière a lieu depuis 1848 (donc 140 ans) sur la proposition de l’Alliance Évangélique, pendant la première semaine complète de janvier. Elle rassemble chaque jour des chrétiens de diverses assemblées évangéliques et des réformés d’une même localité ou région. Ces rencontres ont joué un rôle important pour le rapprochement des milieux protestants. C’est aussi à partir de là qu’ont été organisées de grandes campagnes d’évangélisation avec Billy Graham, Maurice Ray, Thomas Roberts et d’autres.

"Bâtir la communauté, un seul corps en Christ" est l’un des thèmes proposés à notre réflexion dans ce cadre. Ceci à la lumière de Romains 12.

La plupart des chrétiens sont heureux de s’associer à cette semaine de prière. Mais elle suscite des réserves et des craintes chez certains, ou un faux sentimentalisme qui en conduit d’autres dans la confusion. C’est pourquoi, il est utile de voir comment elle a débuté il y a plus de 50 ans.
 

L’abbé Couturier
C’est lui qui l’a proposée en posant des bases précises. Paul Couturier est né en 1881. Après avoir été ordonné prêtre, il a poursuivi des études de mathématiques. Il les a enseignées comme professeur pendant plus de 40 ans dans sa ville de Lyon où il est décédé en 1953.

C’est à partir de 1923 que le problème de l’unité des chrétiens s’est posé à lui lorsque des Russes orthodoxes sont arrivés à Lyon comme réfugiés. Il s’est beaucoup occupé d’eux et leur a apporté une grande aide matérielle et morale.

Il est ensuite entré en contact avec des anglicans. Il s’est intéressé aux conférences œcuméniques de Stockholm et Lausanne entre protestants et orthodoxes.
 

Souffrance de la division
La déchirure de l’Église, corps de Christ, est devenue pour lui une grande souffrance. Catholique très fidèle à son église, il a assez rapidement compris qu’il n’est pas possible d’imposer ses convictions aux chrétiens d’autres confessions. Il n’est pas davantage admissible de rechercher une unité au rabais, même si le besoin d’un rapprochement se pose à un nombre toujours plus grand de chrétiens.

L’abbé Couturier est avant tout un homme de prière. La prière est la force autour de laquelle s’organise toute sa vie. Christ est le centre de notre foi à tous. C’est donc en lui seul qu’est la réponse. Il ne peut pas y avoir de solution en dehors de lui. Devant l’impossibilité des hommes à manifester cette unité alors qu’elle est voulue de Dieu, il est convaincu qu’en Christ elle est possible et que c’est lui qui la donnera. La prière sacerdotale est claire à ce sujet (Jean 17:20-26).
 

Semaine de l’unité
En 1908, deux chrétiens anglais avaient proposé une semaine de prière pour l’unité du 18 au 25 janvier. Mais, ils n’avaient pas été suivis. De 1932 à 1935, Paul Couturier a organisé des rencontres avec des orthodoxes et des anglicans à ces dates-là.

Il constate que de plus en plus de chrétiens éprouvent une tension entre la fidélité à leur église et l’aspiration à l’unité. L’incarnation du Christ implique aussi la manifestation d’une unité entre les chrétiens. Christ est la manifestation de l’amour de Dieu. Alors, tous les chrétiens unis à lui dans son amour ne peuvent qu’être unis en lui.

Selon lui, l’unité se prépare dans la convergence des prières dans chaque confession chrétienne en toute liberté et indépendance vers le Christ que nous aimons, adorons et prêchons. Cela exclut tout prosélytisme et tout ce qui nuirait à l’indépendance à chaque confession.
 

Invitation aux protestants
C’est en 1936, que l’abbé Couturier a proposé à des protestants de s’associer à cette semaine. Dans la circulaire qu’il leur adresse, il écrit: "Tous nous avons péché. Tous nous devons nous humilier, prier sans relâche et demander le miracle de la réunion… Notre Christ à tous attend l’unanime prière de tous les groupes chrétiens pour les réunir quand et comment il voudra."

Dès lors, il a rédigé chaque année un message pour préparer la prochaine semaine de l’unité, en précisant un point particulier. Mais toujours avec ce principe de base: Dans les choses essentielles: Unité; dans les choses secondaires: Liberté; en toutes choses: Charité. Ces trois mots sont à la base de la vision de Couturier: Humilité, prière, pénitence.
 

Pardon
Nous sommes en Christ lorsque, dans l’humiliation, au pied de la croix, nous confessons nos fautes à l’égard de Dieu et nos fautes à l’égard de nos frères, et lorsque ensemble, nous recevons le même pardon. Une demande collective de pardon adressée au Christ ne peut être sincère que si on commence par se demander humblement pardon les uns aux autres.

C’est ainsi qu’il a pris conscience combien la St-Barthélémy, approuvée en son temps par l’église romaine, laissait une blessure, profonde chez les protestants. Il s’en est humilié et il a amené l’église catholique de France à demander pardon aux protestants.

C’est avec de tels sentiments que nous pouvons tous adresser cette même prière à Dieu:
"Seigneur, aie pitié de ton Église. Donne l’unité que tu veux, par les moyens que tu voudras, quand tu voudras."

L’abbé Couturier était sans illusion. Il l’a répété: "Ce n’est pas nous qui verrons l’accomplissement de nos prières… les choses n’évoluent que lentement."
 

Karl Barth et l’unité
Au moment de Vatican II, Karl Barth s’est réjoui de voir l’église catholique se mettre en marche. Voici un résumé de ce qu’il en dit: "c’est un défi pour nous protestants, qui nous sommes souvent sclérosés, de nous réveiller. Dans la mesure où nous avançons tous les yeux fixés sur Christ, dans la fidélité à la Bible, nos chemins convergent, et c’est en Lui que se réalisera l’unité. Mais, refusons la tentation de prendre des chemins de traverse pour nous unir artificiellement."

Tant l’abbé Couturier que Jean XXIII et Karl Barth ne voient la réponse à nos prières que dans
une nouvelle Pentecôte.
 

Conclusion
Un grand chemin a été parcouru depuis 50 ans. De nombreux préjugés ont été balayés. Mais des problèmes fondamentaux subsistent, en particulier sur la conception de l’Église et sur certaines pratiques de piété. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il n’a jamais été question de confondre unité et uniformité.

Au-delà de toutes les institutions humaines, l’Église est le corps du Christ. C’est le cadeau qu’il nous a fait à la Pentecôte. Dans l’amour du Christ, nous ne pouvons qu’aimer son épouse et souffrir avec elle dans ses combats et de ses manquements. C’est également vrai au sein de chacune de nos communautés. C’est pourquoi, il nous faut une nouvelle Pentecôte, un miracle du Saint-Esprit. Le demander et nous y soumettre, nous permet de vivre une authentique communion spirituelle avec des frères, à quelque milieu qu’ils appartiennent. N’est-ce pas cela que nous avons à vivre? Dieu veut l’utiliser pour amener encore beaucoup d’hommes au salut. Nous préparons ainsi le retour du Christ et la manifestation de son épouse. Quel stimulant de participer à la réalisation de son but: son Royaume!