N°306 - Juillet 2023

Le Lien des Cellules de Prière

Éditorial

Ce numéro nous invite à prendre conscience de l’importance des valeurs du Royaume de Dieu. De fait, et comme le proclame le Sermon sur la Montagne, c’est en vivant selon ces principes que nous serons heureux et que nous pourrons faire rayonner la Lumière divine dans ce monde.

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Vivre le Sermon sur la montagne

Mission impossible ?

Roger est abasourdi. Il est étudiant à l’Institut Biblique en Guinée. Je lui ai demandé de lire trois chapitres de l’Évangile de Matthieu en prenant au sérieux les paroles de Jésus qui y sont rapportées. Et, lors du cours suivant, il me dit: «Ce sont des paroles difficiles. » Difficiles à comprendre ? « Non. Difficile à croire et à vivre. » Les autres étudiants partagent son sentiment. Voici quelques-unes des paroles qu’ils venaient de lire:

«Heureux les pauvres en esprit. Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde.
Tout homme qui traite son frère de fou mérite d’être puni par le feu de l’enfer.
Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. Aimez vos ennemis.
Notre Père qui es aux Cieux! Que la sainteté de ton nom soit respectée.

Si vous ne pardonnez pas aux hommes, Dieu ne vous pardonnera pas non plus. Ne cherchez pas à posséder beaucoup de richesses sur la terre.
Entrez par la porte étroite! Ceux qui me
disent « Seigneur, Seigneur ! » n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste...».

Même si vous n’êtes pas très familier avec la Bible, vous avez sans doute reconnu que toutes ces paroles ont été prononcées par Jésus-Christ. En effet, certaines de ces phrases sont même devenues sa «marque de fabrique». Toutes ces citations sont tirées du même discours de Jésus: le Sermon sur la Montagne, tel qu’on le trouve dans l’Évangile de Matthieu, aux chapitres 5 à 71.

Ces trois chapitres sont exceptionnels. Ils nous présentent des paroles du Christ parmi les plus percutantes et les plus importantes qui soient pour l’Église de tous les temps.

Jésus est-il vraiment sérieux ?

Si vous avez fait une lecture attentive de ce texte, peut-être qu’une question a surgi dans votre esprit à plusieurs reprises, comme cela a été le cas pour Roger: Jésus est-il vraiment sérieux? Le Seigneur s’attend-il vraiment à ce que nous mettions ses paroles en pratique ? Faut-il vivre tout cela pour prétendre être un « bon chrétien » ?

Pourtant, à la fin de l’évangile de Matthieu, Jésus envoie ses disciples pour faire d’autres disciples en leur disant:

«Enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je vous ai prescrit. » Mat. 28.20

Il ne dit pas «tout sauf le Sermon sur la montagne » ! Le Sermon sur la montagne doit être mission possible pour nous. Mais comment ?

Face à ces paroles de Jésus, il faut se garder de deux écueils : croire que nous pourrions les mettre en pratique par nos propres capacités, ou renoncer sous prétexte que c’est humainement impossible.

Suivre Jésus au quotidien est possible par la grâce de Dieu qui nous relève à chaque chute et parce que le Saint-Esprit nous transforme à l’image du Christ.

C’est cela la vraie justice «meilleure» à laquelle Jésus nous appelle (Mat. 5.20) : la justice du cœur. Une justice qui nous est acquise par Jésus à la croix, et une transformation profonde de notre être opérée en nous par le Saint-Esprit.

Heureux ! (Matthieu 5.3-12)

À quoi ressemblent ceux que Dieu approuve et bénit ? Jésus rassemble ses disciples autour de lui et, devant des foules, il commence par dresser le portrait des citoyens du Royaume nouveau qu’il est venu annoncer. Heureux, heureux, heureux! Ce passage a pris le nom de Béatitudes, du latin beatus qui signifie heureux. Sont bienheureux, bénis, ceux et celles qui manifestent en eux-mêmes les caractéristiques présentées ici et qui collent à ce portrait. Jésus commence par poser un fondement: il déclare heureux «les pauvres en esprit», c’est-à-dire ceux qui reconnaissent qu’ils ne peuvent compter sur eux-mêmes ou sur leurs mérites

religieux pour être sauvés. Le bon chrétien, ce n’est pas forcément celui qui a la plus grosse bible ou qui passe le plus de temps en prière ! Les bénis, selon Jésus, ce sont ceux qui reconnaissent qu’ils ne sont pas suffisamment spirituels, ceux qui reconnaissent qu’ils ne méritent pas l’approbation de Dieu, en un mot: ceux qui sont humbles2. C’est à eux que le Royaume des cieux appartient.

Les citoyens du Royaume nouveau, inauguré par Jésus, sont de cette nature-là. Ce sont aussi ceux qui pleurent sur eux-mêmes afin d’être consolés par Dieu. Ceux qui sont doux, bons, bâtisseurs de paix, affamés et assoiffés de justice. Voilà les citoyens du Royaume de Jésus.

Jésus renverse l’idée que nous nous faisons bien souvent de la bénédiction divine. Être béni selon Jésus ne signifie pas que tout ira bien pour nous. Être béni ne signifie pas toujours être riche, fort, populaire et en bonne santé. Être déclaré heureux par Jésus peut nous conduire à la persécution, et même à la mort (v.10-12). Cela a été le cas pour lui, le premier citoyen du Royaume des Cieux.

Vous voulez savoir si vous êtes un citoyen du Royaume de Jésus ? Faites le point de votre vie à la lumière des béatitudes. Est-ce que vous ressemblez à Jésus-Christ ? Jésus est l’Heureux par excellence.

Sel et lumière (Matthieu 5.13-16)

Si vous ressemblez à Jésus, ou tout du moins si vous êtes en route sur ce chemin de ressemblance, alors vous êtes les témoins du Royaume de Jésus. Pourtant, parmi les disciples, il y avait Thomas le sceptique, Pierre l’impulsif, Marie-Madeleine l’ancienne démoniaque, et d’autres au passé pas vraiment reluisant. Personne de très exceptionnel. Dans ce cercle, il y a de la place pour chacun et chacune de nous (1 Corinthiens 1.26-31) !

Jésus affirme que ses disciples, les citoyens de son Royaume nouveau sont de fait ses témoins. Ici, Jésus ne donne pas un ordre, il n’envoie pas ses disciples dans le monde comme il le fera plus tard (Matthieu 28.19).

Sur la montagne, Jésus promène son regard sur ses disciples avec amour et il leur dit avec une certaine fierté : c’est vous qui êtes mes témoins. Il n’y en a pas d’autres. Vous êtes le sel et la lumière. Vous donnez du bon goût partout où vous êtes. Vous empêchez la société de pourrir complètement. Vous apportez la lumière pour montrer le chemin à ceux qui se perdent et pour révéler ce qui est ténèbres dans ce monde. Alors, soyez pleinement ce que vous êtes déjà. Soyez simplement vous-mêmes. Vivez selon ma Parole. Marchez à ma suite. Et, naturellement, vous serez mes témoins.

Le sel ne fait pas d’effort pour être salé. Il est sel. La lumière ne peut pas être cachée, elle est une bénédiction pour tous ceux qui sont dans la nuit.

Un Royaume nouveau (Mat. 5.17-48)

Quelques semaines plus tard, Roger, encore lui, me dit, alors que nous réfléchissions ensemble comment le Sermon sur la montagne impacte le ministère pastoral et la mission de l’Église: «Il ne faut pas enseigner ça seulement ici à l’Institut. Il faut aller l’enseigner aux pasteurs déjà en place, aux églises.» Je lui ai répondu: «Oui, bien sûr. Mais avant tout, commencez à le vivre ici sur le campus, entre étudiants, dans vos familles. Le Sermon sur la montagne n’est pas fait seulement pour être prêché, mais surtout pour être vécu (voir Matthieu 7.1-5). »

Suivre Jésus a premièrement un impact sur nos relations. Selon lui, il est impossible de plaire à Dieu si nous ne sommes pas réconciliés les uns avec les autres (voir 1 Jean 4.20). L’amour pour Dieu se manifeste au travers de notre amour les uns pour les autres.

Jésus regarde au cœur. Ce n’est pas la forme qui l’intéresse, ni la pratique extérieure de la religion. Il n’abolit pas la loi, mais lui donne sa pleine signification (Mat. 5.17-20). Il pousse la loi jusqu’au bout, jusqu’au fond de son sens.

Certains pensaient que pour être «en ordre » avec Dieu, il suffisait de ne pas commettre de meurtre. Mais Jésus affirme que le meurtre trouve sa racine dans la colère du cœur. Or le mal doit être traité à la racine, au cœur.

À ceux qui s’imaginent que l’adultère réside dans l’acte sexuel, Jésus affirme que l’infidélité à son conjoint trouve son origine dans le regard et la pensée. Devant la gravité du mal, Jésus provoque: il vaut mieux s’arracher un œil ou se couper une main que de laisser le mal se développer en nous et entre nous. Ces paroles sont d’une grande

pertinence dans notre société envahie par l’hypersexualisation et la pornographie. Pour Jésus, le péché est à prendre au sérieux très tôt et de manière radicale.

Imaginez une communauté dans laquelle les relations sont harmonieuses parce que le pardon est vécu (v.32-26). Les rapports entre hommes et femmes sont sains et remplis de respect mutuel (v.27-30). Les couples sont unis (v.31-32).

La confiance est absolue parce que la vérité règne (v.33-37). Le mal est vaincu par le bien (v.38-42). Et l’amour l’a emporté sur la haine (v.42-48). C’est cela le Royaume nouveau que Jésus-Christ est venu inaugurer ! Et Jésus nous appelle à le vivre dès aujourd’hui. Rappelez-vous : humainement impossible ! Mais possible par la grâce et par l’Esprit de Jésus.

Une spiritualité adaptée (Mat. 6)

Quelqu’un disait: si je ne prie pas 2 heures par jour, je n’arrive pas au bout de tout ce que je dois faire dans ma journée. S’il est humainement impossible de mettre en pratique les enseignements de Jésus, alors il faut que ceux qui cherchent à les vivre développent une vie de piété à la hauteur du défi !
Au centre du Sermon sur la montagne se trouve une prière (6.9-13). Ce n’est pas un hasard. Dans la pensée hébraïque, le plus important se place au centre du discours. Et Matthieu ne déroge pas à la règle quand il met en forme ces trois chapitres. La prière est importante, parce que pour vivre selon les principes du Royaume de Jésus, il faut une vie spirituelle adaptée à cette nouvelle réalité. Alors que le chapitre 5 de Matthieu

s’intéressait surtout à nos relations les uns avec les autres, le chapitre 6 aborde notre relation avec Dieu.
Il y a deux obstacles majeurs au développement d’une spiritualité adaptée au Royaume nouveau: l’hypocrisie et l’inquiétude.

Pas d’hypocrisie, Dieu voit (6.1-6, 16-18) ! Le problème des religieux de toutes les religions et de tous les temps, c’est que la forme prend le pas sur le fond, l’apparence l’emporte sur la vérité, les rites deviennent plus importants que ce qu’ils signifient. Dans le Royaume nouveau, la « bonne » prière est celle qui est en phase avec ce qui se passe dans le secret du cœur. La générosité n’a d’autre but que d’honorer Dieu. Et le jeûne ne devrait jamais être utilisé pour faire valoir nos mérites aux yeux des humains. Jésus est clair: si vous pratiquez votre spiritualité pour impressionner la galerie, ne vous attendez pas à recevoir quoi que ce soit de la part de Dieu.

Ce qui intéresse le Père, ce n’est pas notre religion, c’est encore une fois notre cœur.

Pas d’inquiétude, Dieu sait (6.7-8, 19-34) ! La spiritualité du Royaume nouveau est marquée par la confiance. Dans nos prières, rien ne sert de multiplier les paroles comme si nous avions peur que Dieu n’entende pas ou ne comprenne pas. Dieu sait ce dont nous avons besoin ; et si nous demandons et même si nous prions sans cesse, ce n’est pas par crainte ou pour mettre Dieu dans l’obligation de nous répondre. C’est par obéissance et pour reconnaître que tout nous est donné de sa main.

Conseils pratiques (Matthieu 7)

À tous ceux qui seraient tentés de dire: «J’ai tout compris!», Jésus termine en rappelant que le Sermon sur la montagne est fait pour être vécu. Dans le chapitre 7 de Matthieu, il donne à ses disciples quelques conseils, avertissements et encouragements pour la mise en pratique de ses paroles. Avant de vouloir appliquer le Sermon aux autres, il faut commencer par se l’appliquer à soi-même (7.1-5) de peur de déshonorer Jésus et de nous discréditer (7.6). Jésus nous exhorte encore à rechercher activement auprès du Père toutes les ressources dont nous avons besoin pour faire sa volonté (7.7-11). Et pour tout ce dont il n’a pas parlé directement, il donne un principe de base applicable en toute situation: faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils fassent pour vous (7.12). En d’autres termes, l’amour du prochain, c’est le résumé de toute l’éthique biblique (voir Galates 5.14).

Il termine par plusieurs avertissements à ne nous laisser tromper par personne: ni par ceux de l’extérieur (7.13-14), ni par ceux de l’intérieur (7.15-20). Ni, et surtout pas, par nous-mêmes (7.21-27) : il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur » pour entrer dans le Royaume nouveau, il faut mettre en pratique la volonté du Père telle que présentée dans le Sermon sur la montagne. Le sage et le fou de la parabole entendent tous les deux les paroles de Jésus, mais seul le sage les met en pratique et voit sa maison résister à tous les assauts pour tenir ferme jusque dans l’éternité. Jésus enseignait avec autorité (7.28-29). Son autorité sur la vie de citoyens de son Royaume est légitime, car il est le

Seigneur et le Sauveur. Il est lui-même la Parole de Dieu par qui toutes choses ont été créées. C’est cette Parole de vérité qui doit nous éclairer, nous conduire et nous transformer pour sa gloire, afin que nous soyons sel de la terre et lumière du monde.

Questions et pistes de réflexion

1. Lire ou relire le Sermon sur la montagne dans Matthieu 5 à 7.

2. Pour chacune des béatitudes (5.3-12), posez-vous les questions suivantes:

a. Que signifie cette béatitude et que me dit-elle pour ma vie personnelle ?

b. À quoi ressemble le chrétien qui vit cette béatitude ? En quoi influence-t- elle concrètement sa vie ?

3. Être en bénédiction, comme le sel et la lumière dans le monde : réfléchissez à des exemples concrets de la bénédiction que l’Église et vous-mêmes êtes pour votre pays, votre région et votre quartier. Donnez des exemples de ce qui se fait déjà et de ce qui pourrait se faire.

4. À plusieurs reprises dans Mat. 5.17-48, Jésus commence par ces mots : «Il vous a été dit, mais moi je vous dis... » Lequel de ces passages vous parle personnellement et vous semble particulièrement d’actualité dans votre contexte ?

5. Reformuler la prière du Notre Père (6.9-13) avec vos propres mots.

6. Jésus parle du chemin étroit que doivent suivre ses disciples (7.12-14). Quelle est la différence entre la discipline du chrétien et une pratique légaliste de la religion ?

NOTES

1 Voir aussi Luc 6, 12, 14.

2 Voir aussi Matthieu 6.1-6, 16-18.

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Deux tempêtes, deux issues, deux anticipations

Les tempêtes, vous connaissez ? Bourrasques familiales, attaques brusques de santé, tempêtes politiques...
Le Nouveau Testament nous raconte deux tempêtes maritimes redoutables: celle, bien connue, rapportée dans les trois premiers évangiles et celle du chapitre 27 des Actes des Apôtres.

Je vous invite à relire avec prière : Luc 8.22-25 et Actes 27. La comparaison des deux récits est riche en découvertes. C’est lu ?...

Le point commun aux deux récits ? La situation des occupants de chaque embarcation devient si désespérée que les passagers ont perdu tout espoir de s’en sortir! Cependant, dans les deux cas, tous vont être sauvés de la noyade ! Mais avant ce point culminant, que d’imbrications entre, d’une part le désarroi des hommes, même compétents, leurs décisions, leur état moral et, d’autre part, les paroles et gestes de Dieu à travers son serviteur Paul ! Il y a donc sur ce grand navire 276 passagers (v.37), dont trois chrétiens : Paul, Luc qui écrit le récit et un frère du nom d’Aristarque. Une cellule de trois chrétiens sur 276, c’est peu, mais suffisant comme on le verra !

Pour Paul, le but de son voyage est clair : rencontrer la communauté chrétienne de Rome et comparaître devant le tribunal de l’empereur selon une parole du Seigneur reçue quelque temps auparavant ; on peut la lire dans Actes 23.11 :

« Tu rendras témoignage à Rome comme tu l’as fait à Jérusalem».

Cette indication sera de nature à le rassurer quand la navigation tournera mal. En effet, c’était la période de l’équinoxe d’automne, saison où les marins antiques cessaient de naviguer jusqu’au printemps. L’équipage hésitait, pour l’hivernage, entre deux ports de l’île de Crète. Paul, en homme averti, avait osé intervenir dans le débat pour conseiller de ne pas aller plus loin, sans quoi il y aurait des dégâts sérieux pour tous. On préféra, comme de juste, suivre l’avis des professionnels, certes compétents, mais sans écoute du Dieu vivant. Cette fois, leur avis conduira à la catastrophe.

Dans cette mer qui se déchaîne, les mariniers ceinturent la coque du bateau, ils jettent par-dessus bord une partie de la cargaison et même de l’équipement pour alléger le chargement. Rien n’y fait ! Il fallut laisser le navire aller à la dérive.

«Ni le soleil ni les étoiles ne parurent pendant plusieurs jours et la tempête se maintenait si forte que nous avons perdu finalement toute espérance d’être sauvés

Sauf un... c’était Paul qui, debout au milieu de tous disait:

«messieurs, nous n’avons rien mangé depuis longtemps... je vous invite à prendre courage car aucun de vous ne perdra la vie, seul le navire sera perdu. Un ange du Dieu à qui j’appartiens et que je sers s’est approché de moi cette nuit et m’a dit «sois sans crainte Paul, il faut que tu comparaisses devant César et voici que Dieu t’accorde la grâce de tous ceux qui naviguent avec toi...

Car j’ai cette foi en Dieu qu’il en sera comme il m’a été dit. Nous devons échouer sur une île quelconque. » (22-25).

Comme vous le remarquez, l’autorité change de camp... Les pros ne l’ont plus. Dieu redevient important. Les trois chrétiens aussi, mais c’est uniquement à cause du Seigneur qui vit en eux et non à cause d’eux-mêmes.

Les paroles exprimées par Paul sont d’une grande richesse. Paul est à l’écoute permanente du Seigneur, alors qu’il est aussi chancelant que les autres. Il peut donc recevoir une révélation du Seigneur! Il peut même recevoir l’audace pour la livrer devant tous et proclamer: le Dieu auquel j’appartiens et que je sers ! Sa parole fait autorité parce qu’il est le seul à être dans la paix et la sérénité. Les responsables de la navigation doivent reconnaître que son avertisse- ment en Crète était juste. Paul va même déjouer une magouille des marins qui cherchent à se sauver tout seuls avec la chaloupe (v.30-32) !

Écoutons la dernière phrase en gras: «Dieu t’accorde la vie de tous ceux qui naviguent avec toi»! Quelle merveille! Paul a foi en cette espérance et les passagers aussi se mettent à la croire. Et nous ?... De plus, Paul donne un signe en remerciant Dieu pour le pain qu’il a sous la main et qu’il rompt devant tous. Il mange et tous suivent son exemple. C’est un avant-goût du repas de communion!

Pour nous, chrétiens d’aujourd’hui

Tout cela me donne la conviction que cet épisode, comme aussi celui de la tempête apaisée, est une prophétie qui anticipe pour nous les temps de la fin.

Derrière cet effrayant coup de tabac qui se prolonge 14 jours, il me semble clair que c’est le Prince de ce monde qui manœuvre. Mais bien inutilement car il veut ignorer que Jésus a reçu le pouvoir sur tous ses ennemis spirituels et nous avec lui ! La question se pose alors : pourquoi le navire et sa cargaison se perdent-ils dans la mer, alors que la barque avec les douze a pu fonctionner jusqu’à destination ? Je suis convaincu que c’est une image de ce qui va arriver peu avant que le Messie manifeste sa puissance. Comme le dit l’épître aux Hébreux: «j’ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le Ciel... ces mots... annoncent la disparition de tout ce qui participe à l’instabilité du monde créé afin que subsiste ce qui est inébranlable» Hébreux 12. 26-27 (trad. TOB).

Les œuvres frénétiques et les techniques des hommes, la poursuite du profit financier pour nos ambitions, la gloire sans amour de la grande Prostituée d’Apocalypse 17 et 18, tout cela disparaîtra! Seul ce que nous aurons donné au Père pour qu’Il nous le rende multiplié pour ceux qui en auront besoin subsistera dans le Royaume!

Quant aux passagers, ils seront tous sauvés de la noyade. Aux yeux de Dieu, ses créatures faites à son image, même sans encore la foi, valent bien plus que les marchandises. Finalement, tous parviendront sur l’île de Malte sains et saufs et bien accueillis par la population. Comme l’a dit Jésus à propos de l’horreur qui doit précéder son glorieux avènement : « Si ces jours n’étaient abrégés, personne ne serait sauvé ; mais, à cause des élus, ces jours seront abrégés!» Matthieu 24.22.

Une très bonne nouvelle pour nous sur l’importance du rayonnement de notre témoignage même si le système du vieux monde ne sera pas sauvé.

Comme Paul, nous pouvons être la manifestation du Christ au sein de notre génération ébranlée et en mal d’espérance même si le monde qui l’héberge n’en a plus pour longtemps!