Avez-vous reçu le Saint-Esprit ?
Par Gérard Pella
L’apôtre Paul arrive à Éphèse. Il a la joie de découvrir un petit groupe de « disciples », une douzaine de personnes, dans cette immense ville païenne consacrée à Artémis.
Qu’a-t-il vu ou entendu parmi eux ? Qu’a-t-il constaté comme excès ou comme manque pour qu’il soit amené à leur poser cette étrange question :
« Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand vous avez cru ? » Actes 19.2.
« Le Saint-Esprit ? Mais on n’en a même pas entendu parler. Comment te dire si on l’a reçu ? »
Paul leur demande alors quel baptême ils ont reçu…
« Le baptême de Jean », disent les Éphésiens.
« Je commence à comprendre », se dit Paul. « Vous avez reçu le baptême de Jean.
Vous avez entendu parler de repentance et de pardon des péchés. Vous avez certainement entendu parler de Jésus, mais vous n’avez pas entendu la Bonne Nouvelle : Jésus est ressuscité et Il nous donne accès non seulement au pardon, mais à son Esprit. C’est véritablement une vie nouvelle, une nouvelle création, qui commence pour ceux qui sont unis au Christ par la foi. »
Paul propose alors aux disciples d’Éphèse de recevoir le baptême au nom de Jésus. Puis il leur impose les mains et l’Esprit saint vient sur eux.
Cela se constate par le fait qu’ils se mettent à parler en langues - c’est-à-dire qu’ils s’adressent à Dieu dans un langage qu’eux-mêmes ne comprennent pas, mais qui exprime leur amour pour lui ; et ils prophétisent - c’est-à-dire qu’ils expriment le message que Dieu suscite en eux pour encourager et édifier son peuple.
On trouve ce récit dans le livre des Actes des Apôtres (Actes 19.1-7).
« Avez-vous reçu le Saint-Esprit ?» nous demande Paul de la part du Seigneur. L’avez-vous reçu, accueilli, pris au sérieux ?
Des chrétiens sans le Saint-Esprit ?
Dans cet épisode du livre des Actes, je remarque deux choses :
1) On peut donc croire, être disciples, sans avoir reçu le Saint-Esprit !?
C’est gênant pour toute notre dogmatique, qu’elle soit catholique, réformée ou évangélique. C’est anormal… mais c’est possible… si l’enseignement qu’on a reçu était incomplet ; si on ne sait pas que le don du Saint-Esprit est une dimension importante de la vie chrétienne.
Les disciples d’Éphèse n’avaient pas reçu l’Évangile dans sa plénitude, et cela les empêchait d’accueillir pleinement et consciemment l’Esprit saint.
2) Paul considère l’accueil du Saint-Esprit comme une expérience fondamentale du croyant, au début de son cheminement : « Quand vous êtes devenus croyants, avez-vous reçu le Saint-Esprit ? », demande Paul (v.2).
Le Saint-Esprit n’est donc pas une option pour quelques illuminés. Le Saint-Esprit n’est pas un luxe, c’est un souffle vital pour le croyant comme pour l’Église tout entière.
Vous me direz peut-être que les Éphésiens en avaient besoin parce qu’ils n’avaient pas reçu un enseignement complet (ils ne savaient pas que le Saint-Esprit était promis) ; parce qu’ils n’avaient pas reçu un baptême complet (Paul a dû les baptiser à nouveau, au nom de Jésus) ; tandis que nous, nous avons reçu un baptême et un catéchisme tout à fait conformes !
Peut-être… Mais, est-ce à dire que nous n’avons plus besoin du Saint-Esprit ?
Besoin du Saint-Esprit ?
Le Saint-Esprit n’est pas un objet qu’on possède une fois pour toutes. L’apôtre Paul va encourager ces mêmes Éphésiens, 10 ans plus tard, en leur écrivant :
« Soyez remplis de l’Esprit (sous-entendu : aujourd’hui) ! » Éphésiens 5.18.
Vous avez beau avoir vécu des expériences magnifiques il y a 10 ans, l’appel est pour aujourd’hui : « Soyez remplis ! »
Voyez une chambre à air de vélo : elle a tendance à se dégonfler petit à petit. Quand on roule à vélo, on sent une différence énorme entre un pneu bien gonflé et un pneu à moitié plat. « Être rempli de l’Esprit », c’est une réalité toujours à renouveler !
Prenons une autre métaphore pour tenter de voir ce que cela change d’être rempli de l’Esprit : avez-vous remarqué la différence entre un poulet et un aigle ?
Ce brave petit poulet déploie une énergie considérable. Il s’agite dans tous les sens et, malgré tous ses efforts, ne décolle que de quelques centimètres.
L’aigle, lui, sait se laisser porter par le vent. Il est loin d’être passif, mais il déploie tout grand ses ailes et parcourt des kilomètres avec un minimum d’effort.
Combien de fois je ressemble à un poulet qui s’agite ! J’aspire à ressembler davantage à un aigle, à ouvrir tout grand mes ailes au souffle de l’Esprit. C’est lui qui permet de prendre de la hauteur, d’avoir une vision d’ensemble, de discerner, d’agir à bon escient, de parler au bon moment.
Dans ce sens, n’avez-vous pas l’impression que l’Église a besoin de recevoir un nouveau souffle… ?
L’imposition des mains
Dans son commentaire des Actes des Apôtres, publié en 1958, le pasteur Walter Luthi écrivait :
« Nous ne pouvons assister à ces événements (la rencontre entre Paul, les Éphésiens et le Saint-Esprit !) sans éprouver l’ardent désir que nous aussi recevions l’imposition des mains et le baptême d’Esprit et de feu afin d’être équipés et disponibles là où Christ déclenche sa sainte révolution. » (p. 217).
Toutefois, et comme la pratique de l’imposition des mains n’existait pas dans sa communauté, il considérait que Dieu pouvait « imposer les mains » de manière directe et donc sans implication physique d’autre personne.
C’est vrai que nous pouvons prier sans autre médiation que Jésus. C’est vrai que nous pouvons être pardonnés sans autre médiation que Jésus. Mais pourquoi vouloir me dispenser de la communauté voulue par Dieu ?
Car oui, tout près de moi, il y a une communauté d’hommes et de femmes qui ose me parler et me toucher de la part de Dieu. C’est cela le sens de l’imposition des mains.
Paul ne s’est pas contenté de demander rapidement et globalement le Saint-Esprit pour les Éphésiens. Il a posé les mains sur chacun d’eux et il a prié personnellement pour qu’ils reçoivent l’Esprit saint.
Aujourd’hui, il n’est pas nécessaire que ce soit un apôtre, un prêtre ou un pasteur qui nous impose les mains. Personne n’a le monopole du Saint-Esprit. Il suffit que « deux ou trois » soient réunis au nom de Jésus pour appeler le Saint-Esprit (voir l’encadré pour une démarche en groupe).
Aspirer au Saint-Esprit
Vous le savez : le Saint-Esprit n’est pas un acquis garanti par mon certificat de baptême… ou par la formidable expérience spirituelle que j’ai faite il y a 10, 20 ou 30 ans !
La plénitude de l’Esprit ressemble plutôt à une histoire d’amour, qui a besoin d’être constamment ravivée, renouvelée. Et j’ai besoin, comme Paul et les Éphésiens, des paroles, des gestes, des chants et de la prière des autres chrétiens pour être rempli de l’Esprit saint. Toujours à nouveau ! N’est-ce pas cette plénitude que vous désirez ?
Recevoir un nouveau souffle, nous ouvrir au Saint-Esprit, c’est la démarche que propose le « parcours des 7 semaines ». Il permet de vivre une démarche un peu comparable à ce qu’ont vécu les disciples d’Éphèse. En voici les trois étapes :
1. Pour commencer, il nous faut être informés et revisiter notre compréhension de notre Père, de Jésus, de l’Esprit.
2. Ensuite, il s’agit de nous centrer sur le Christ. C’est le sens du baptême que Paul a donné aux Éphésiens : une relation étroite avec Jésus, mort et ressuscité pour nous.
3. Tout cela nous conduit à demander une nouvelle effusion du Saint-Esprit, une nouvelle onction, une nouvelle plénitude, une nouvelle visitation, un nouveau baptême de l’Esprit… Appelez-le comme vous voulez ! C’est la réalité qui compte : être rempli du Saint-Esprit.
Jésus nous y encourage :
« Demandez, et l’on vous donnera. Cherchez, et vous trouverez. Frappez à la porte, et l’on vous ouvrira. (…) Vous savez donner de bonnes choses à vos enfants. Alors ceci est encore plus sûr : le Père qui est au ciel donnera l’Esprit saint à ceux qui le lui demandent. » Luc 11, versets 9 et 13.
Vous pouvez découvrir le « parcours des 7 semaines » en le téléchargeant gratuitement sur le site www.shekina.com .
Questions (à méditer seul ou en groupe)
1. Avez-vous le souvenir d’une action du Saint-Esprit dans votre vie ?
2. Que se passe-t-il dans l’Église quand nous éteignons la flamme de l’Esprit ?
(Voir 1 Thessaloniciens 5.19).
3. Ressentez-vous le besoin d’un nouveau Souffle ?
4. Quelles sont les conditions à remplir pour recevoir le Saint-Esprit ?
5. Comment être rempli du Saint-Esprit ?
Note importante
Cette démarche doit se vivre de manière sobre, brève et ouverte et sans tenter d’exercer un pouvoir sur la personne ; c’est elle qui discernera ce qui est bon pour elle dans ce que nous lui donnerons.
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Démarche proposée pour l’imposition des mains dans un groupe.
A. Le/la responsable invite quelqu’un à venir prier avec lui pour la personne qui souhaite recevoir.
B. Tous les deux prient brièvement pour la personne en lui imposant les mains ; l’essentiel de cette prière, c’est « viens, Saint-Esprit ! ».
C. Après avoir prié il est bien de rester deux-trois minutes en silence afin de laisser l’Esprit agir dans la personne et dans le groupe qui prie autour d’elle.
D. L’imposition se termine par la récolte de deux ou trois « cadeaux » pour la personne : verset biblique, image, parole prophétique. Pour cela, c’est bien que quelqu’un prenne des notes et les remette à la personne.