N°288 - Janvier 2019

Le Lien des Cellules de Prière

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« Sans moi, vous ne pouvez rien faire »

« Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15.5).

« Sans moi, vous ne pouvez rien faire ». Cette parole est étonnante ! En effet, l’expérience montre que nous sommes capables de faire beaucoup de choses, sans Dieu. Il suffit de regarder les prouesses technologiques actuelles. Les humains ont-ils eu besoin du Christ pour faire toutes ces choses ?

En quoi cette affirmation nous concerne-t-elle aujourd’hui ?

Remarquons tout d’abord que Jésus adresse cette parole à ses disciples. Il est en train de leur donner un riche enseignement sur la manière de travailler dans le Royaume de Dieu. Nous ne sommes donc pas dans l’esprit du monde, mais dans celui du Royaume de Dieu où les lois du travail et les principes de fonctionnement sont très différents.

Pour faire comprendre ces vérités à ses disciples, Jésus leur montre un pied de vigne. Pour que la sève puisse monter jusqu’au bout des sarments et produire du fruit, il faut que les sarments soient bien connectés au cep. C’est une évidence ! Et si un sarment est cassé ou coupé, la sève ne peut plus passer et le processus de formation du fruit est interrompu.

Où Jésus veut-il en venir ? Il a déjà expliqué à plusieurs reprises à ses disciples qu’ils sont appelés à faire des œuvres différentes de celles que produit le monde. Ce sont des œuvres destinées à glorifier Dieu. Comme le dira Paul, ce sont des œuvres « 
que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » 1. Elles ne peuvent pas être accomplies selon le modèle du monde, c’est-à-dire selon des principes purement humains. Elles doivent être faites selon un autre processus : elles ont besoin de la vie divine pour se développer. Et cette vie, seul Jésus peut la donner. Et c’est dans la mesure où les disciples seront connectés à Jésus par le Saint-Esprit, comme les sarments sont connectés au cep, qu’ils pourront devenir les transmetteurs de la vie divine et produire des fruits pour la gloire de Dieu.

Pour que la sève passe, il faut que les sarments soient connectés et surtout qu’ils restent connectés jusqu’à la maturation du fruit. C’est important de le rappeler, car il peut arriver que nous commencions bien une œuvre, mais petit à petit nous laissons de côté cet enseignement : nous oublions de travailler
avec Jésus. Nous préférons travailler seuls. Nous oublions que pour produire un bon fruit, nous avons absolument besoin de la vie divine jusqu’au bout.
Que d’œuvres chrétiennes ont bien débuté ! Elles étaient fondées en Christ, elles ont prospéré grâce à cette vie divine qui animait ceux qui y étaient engagés, elles ont duré un certain temps et puis elles ont insidieusement décliné. Elles sont devenues des œuvres semblables aux œuvres humaines produites dans ce monde. Elles ont d’ailleurs adopté les modes de fonctionnement enseignés dans le monde. D’un point de vue humain, elles ont continué à avancer et rien ne peut leur être reproché. D’un point de vue spirituel, elles ont perdu leur vie initiale. Souvenons-nous de ce reproche cinglant fait par le Christ à l’église de Sardes : « 
Je connais tes œuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort.» 2

C’est un risque qui nous guette tous !

Jésus disait à ses disciples qu’ils ne pouvaient rien faire de valable dans le Royaume de Dieu sans lui. Il ne s’est pas contenté de l’enseigner, il l’a vécu lui-même !

Voici ce qu’il dit de sa dépendance de son Père : « 
Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu’il voit le Père faire ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » 3

Ces paroles ne sont pas faciles à comprendre. Peut-être Jésus s’est-il inspiré de son métier de charpentier qu’il a appris en travaillant avec son père, Joseph. Il le regardait faire et il essayait de faire de même. Plus tard, dans son ministère, il était en contact étroit avec son Père céleste et prenait ainsi connaissance des œuvres que son Père voulait qu’il fasse sur terre. De plus, il acquérait les moyens de les accomplir. D’autres paroles de Jésus en témoignent :

– « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; c’est le Père qui vit en moi qui fait lui-même ces œuvres ». 4

– « Je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et annoncer… C’est pourquoi les choses que je dis, je les dis comme le Père me les a dites. » 5

J’en conclus que Jésus tirait de son Père toute l’inspiration pour ses œuvres et son enseignement. Quel exemple !

Jésus avait reçu le Saint-Esprit sans mesure. Il avait avec son Père une communion parfaite que nous ne pourrons jamais avoir à ce degré. C’est sans doute pour cela que nous peinons à comprendre cette dépendance. Je me dis tout de même que si Jésus vivait et travaillait ainsi, nous ne pouvons prétendre œuvrer sur terre en nous passant de lui. Jésus disait bien que « 
le serviteur n’est pas plus grand que son maître ». Si Jésus a estimé vital de dépendre ainsi de son Père au cours de son ministère terrestre, nous devons nous aussi dépendre de lui pour vivre et travailler 6. L’exigence est de taille !

Notes:
 

  1. Ephésiens 2.10

  2. Apocalypse 3.1

  3. Jean 5.19 Version Segond 1910 et Segond 21 (ce qu'il voit le Père faire).

  4. Jean 14.10

  5. Jean 12.49-50

  6. Ephésiens 2.10

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Christ en moi : qui fait quoi ?

Plusieurs fois au cours de ma carrière, des patients chrétiens m’ont demandé de prier avec eux avant l’opération1. Très fréquemment, j’entendais cette requête : « Seigneur, guide les mains du Dr Bovey ! »

Cette requête me mettait mal à l’aise parce qu’elle me plaçait dans une fausse position, celle d’une marionnette censée être actionnée par le divin marionnettiste. L’opération serait ainsi faite de main de maître, puisque le Seigneur guiderait mes mains ! Une telle requête était cependant compréhensible. On aimerait tellement que Dieu manipule un peu le chirurgien afin que son travail soit parfait ! On aimerait qu’il s’immisce dans l’être même du chirurgien pour qu’il le rende plus efficient.

Lorsque j’ai commencé la chirurgie, j’avais ce secret espoir que le Seigneur me donne ici et là un petit coup de pouce pour que je réussisse mon opération. L’expérience m’a appris que ce souhait était faux. Pire, il risquait de me conduire dans une certaine passivité : "je fais ce que je peux, et le Seigneur fera le reste !" Une telle attitude conduit tout droit à la médiocrité.

J’ai dû apprendre que lorsque j’opérais, j’étais pleinement responsable de mes actes et que personne n’allait m’enlever cette responsabilité. J’ai donc dû, comme tous mes collègues, faire mon long apprentissage. Et c’est ainsi que je suis devenu un bon chirurgien.

Je continue cependant de croire que le Seigneur peut interférer à tous les niveaux, lors d’une opération, comme bon lui semble. Mais j’ai appris à ne pas compter sur cette action pour suppléer à mes éventuelles insuffisances.

Lorsque je sortais du bloc opératoire, je louais le Seigneur pour les dons reçus que j’avais pu mettre au service du patient. Je priais aussi pour que le Seigneur bénisse ce patient. Mais là, ce n’était plus ma responsabilité et je me sentais parfaitement libre de le faire.

Ce témoignage met le doigt sur une problématique qui concerne tout chrétien qui veut vraiment accueillir le Christ dans sa vie et lui obéir. Que faire de ce nouvel invité ? Est-il un visiteur d’un soir ou un hôte permanent ? Dans ce dernier cas, quel est son rôle ? Sera-t-il un conseiller discret que l’on peut consulter à volonté ? Va-t-il au contraire prendre les rennes de notre vie et nous reléguer à une place subalterne ? Ce sont des questions importantes qui nécessitent des réponses précises.

Après avoir découvert dans ma jeunesse la réalité du Saint-Esprit, j’ai voulu donner au Seigneur toute la place dans ma vie. J’ai ainsi cru bon de me mettre en retrait pour qu’il devienne vraiment le chef de ma vie. Je pensais tout particulièrement à ce verset de Paul : « 
Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi »2. Très insensiblement, j’ai glissé vers une passivité malsaine, m’attendant en toute chose à ce que le Seigneur me conduise ou agisse. Mais la place que je souhaitais lui donner est restée un grand vide. C’était déprimant !

Au cours d’un long processus que j’ai décrit ailleurs
3, j’ai réalisé que le Seigneur ne veut nullement prendre notre place. Il refuse de nous dessaisir de notre responsabilité. Au contraire, il est là pour nous aider à l’assumer totalement. L’Esprit qu’il a envoyé pour venir habiter en nous n’est pas un Esprit de domination : il est une aide, un conseiller. Il est celui qui nous vivifie en nous communiquant la Vie du Christ ressuscité. Il se tient à côté de nous, non pas pour nous remplacer, mais pour nous aider à assumer notre rôle de chef de notre destinée.

Vous l’aurez bien compris : l’œuvre du Saint-Esprit consiste à nous réhabiliter pour que nous soyons en pleine possession de nos moyens. Mais cela ne signifie nullement que nous puissions ensuite vivre de manière autonome, sans lui ! L’expérience nous montre que chaque fois que nous cherchons à conduire notre vie seuls, nous risquons fort de nous tromper de route ou de partir dans le fossé. Et à force de vivre ces échecs, nous en venons à comprendre qu’il est nettement préférable de suivre fidèlement le Seigneur. Cette obéissance, qui pouvait au départ paraître une privation de liberté, se révèle conduire à une vie épanouie et passionnante.



Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi

Revenons à ce verset de Paul. Mal compris, il peut conduire à une sorte de non-existence (ou effacement) de la personne et susciter l’espoir que le Christ va occuper toute la place laissée vacante. Cela conduit à des drames. Je les ai vécus. Bien compris, il résume parfaitement l’essentiel de la vie chrétienne. Cela vaut donc la peine de l’étudier plus attentivement.

Il y a deux tableaux dans ce verset :

1.
Ce n’est plus moi qui vis. Dans ce premier terme, le moi est tout seul. Il vit sans Dieu et se débrouille comme il peut pour diriger sa vie. Avec les "succès" que l’on connaît.

2.
C’est Christ qui vit en moi. Dans le second terme de la phrase, le moi n’est plus tout seul mais il est avec le Christ. Lorsque l’être humain entre dans une vraie relation avec le Christ qui vient habiter en lui par le Saint-Esprit, il n’est plus tout seul. Il est en communion avec le Christ. Et grâce à cette aide, il peut vivre d’une autre manière. C’est le cœur de la vie chrétienne !

Essayons de voir quelques éléments de cette nouvelle cohabitation.



Un guide magnifique

Au cours de ma carrière, j’ai rencontré beaucoup de gens bien plus intelligents et brillants que moi. Il m’est arrivé de les envier. Mais après réflexion, je me suis dit que ma situation était sans doute meilleure que la leur car j’étais en relation avec le Dieu de Sagesse. La sagesse qu’il m’a donnée tout au long de ma vie m’a permis de bien conduire ma barque et de traverser les tempêtes sans faire naufrage. Cette sagesse, je l’ai acquise et reçue en méditant abondamment la Bible, dès l’âge de 10 ans. Le roi Salomon, un être surdoué, disait ceci : Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur et ne t’appuie pas sur ton intelligence ! Reconnais-le dans toutes tes voies et il rendra tes sentiers droits. Ne te prends pas pour un sage, crains l’Éternel et détourne-toi du mal : cela apportera la guérison à ton corps et un rafraîchissement à tes os. 4

Je l’ai expérimenté tout au long de ma vie et je sais que ces paroles sont vraies. La Bible regorge d’enseignements précieux et utiles dans tous les domaines. C’est une mine d’or qu’il vaut la peine de découvrir ! Mais ce n’est pas toujours simple ! Et lorsqu’on peine à trouver des réponses, il faut recourir à d’autres aides.

Plusieurs fois, je me suis trouvé à des carrefours compliqués. Comme j’avais de la peine à comprendre la volonté de Dieu, j’ai tout simplement demandé de l’aide auprès d’autres chrétiens habitués à l’écoute du Saint-Esprit. Chaque fois, j’ai reçu une réponse qui m’a permis de continuer ma route dans la bonne direction. C’est un privilège !



Les réunions de chantier

Lors de la construction d’une maison, les différents acteurs prennent chaque jour un temps à part pour se réunir et discuter de l’avancement du chantier. On appelle ces moments des "réunions de chantier". C’est là que l’on peut partager les difficultés rencontrées et recevoir les indications nécessaires à la poursuite du travail. Chacun repart ensuite avec une meilleure compréhension de ce qu’il doit faire et de la manière de le faire.

Je me dis qu’avec le Seigneur il en est de même. Nous sommes dans son royaume pour accomplir une œuvre qu’il nous a confiée. Nous avons, nous aussi, besoin de réunions de chantier journalières pour avancer. Sinon, nous risquons fort de faire fausse route.

Personnellement, je vis ces réunions à différents moments de la journée. Souvent, la nuit, je me réveille et n’arrive plus à dormir. Je me lève alors et médite dans mon bureau. C’est un moment béni, comme arrêté dans le temps, sans bruit ni contrainte extérieure. D’autres fois, c’est le matin, ou pendant la sieste, ou le soir. Peu importe ! L’important est de vivre ces rencontres régulièrement. Il faut également qu’il y ait un véritable échange : je me confie au Seigneur et je l’écoute.



Les urgences d’en haut

Dans un chantier, le patron n’est pas constamment derrière son ouvrier à lui dire : « fais ceci, fais cela ». Il lui laisse une certaine marge de manœuvre qui est d’autant plus grande que l’ouvrier est qualifié.

En tant que chrétiens, nous avons une certaine marge de manœuvre. En nous levant le matin, nous savons très bien ce que nous avons à faire au cours de la journée. Le Seigneur n’a pas besoin de nous le rappeler. C’est notre responsabilité. Cela n’empêche pas que nous pouvons continuer de jouir de sa présence qui nous fait du bien.

Et puis parfois, le Seigneur intervient pour changer nos plans. J’aime bien parler alors des « urgences d’en haut ». Cela n’était pas prévu dans notre planning.

Nous avons la possibilité de dire non ; mais nous passons alors à côté de grands moments. Examinons la vie de Jésus. Très souvent, il a dû changer ses plans à cause des "urgences d’en haut", provenant de son Père céleste. Chaque fois, cela a donné lieu à de belles rencontres. Je pense à la Samaritaine rencontrée au bord du puits, aux dix lépreux, à Zachée, à l’officier romain etc.

Je me suis mis à aimer ces urgences qui viennent chambouler mon quotidien. Elles me rappellent que le Seigneur chemine à mes côtés et qu’il se plaît à m’utiliser dans son royaume. Qu’y a-t-il de mieux pour donner du sens à la vie ? Et ceci à tout âge !

 



Pour aller plus loin… quelques versets à méditer


« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous un fardeau, et je vous donnerai du repos. Mettez-vous à mon école et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. En effet, mes instructions sont bonnes et mon fardeau léger. » (Matthieu 11.28-30).

Accepter les instructions et le fardeau du Christ, est-ce abandonner ses propres responsabilités ?

Notre corps ne nous appartient plus ! Qui en est responsable ?

 

* * *


« Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette puissance extraordinaire soit attribuée à Dieu, et non à nous. » (2 Corinthiens 4.5)

Sommes-nous réduits à un rôle de contenant inerte et passif ?

 

* * *


« Le cœur de l’homme médite sa voie, mais c’est l’Éternel qui dirige ses pas ». (Proverbes 16.9).

Dieu dirige nos pas ! Est-ce une contrainte ou un privilège ?


 

Notes:
 

  1. J'étais spécialisé dans la chirurgie de la rétine. J'ai pris ma retraite il y a un an et demi.
  2. Galates 2.20
  3. Mon dernier livre: "Christ en moi: qui fait quoi?" Editions Scripsi, 2018. Ce livre peut aussi être obtenu sous forme e-book ou pdf à l'adresse suivante: www.maisonbible.ch
  4. Proverbes 3.5-8