N°242 - Juillet 2007

Le Lien des Cellules de Prière

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Les enfants et la prière

Dans Genèse 21, Abraham se sépare de sa servante Agar et de son fils Ismaël. Agar s’égare alors dans le désert et épuise sa réserve d’eau. À bout de forces, elle pose son enfant par terre, s’éloigne pour ne pas le voir mourir, puis élève la voix et pleure. Les versets 17 et 18 nous interpellent : Dieu entendit la voix du garçon ; et l’ange de Dieu appela Agar du haut du ciel et lui dit : Qu’as-tu, Agar ? Sois sans crainte, car Dieu a entendu la voix du garçon, là où il est. Les enfants ont cette capacité de toucher le coeur de Dieu et celui-ci les entend. Ils peuvent jouer un rôle dans la prière et l’intercession.

Helen Beason, pasteur des enfants aux États-Unis raconte : Le Seigneur m’avait mis à coeur depuis un certain temps le développement d’une équipe d’intercession avec des enfants. Après avoir été aux premières loges en voyant des enfants entrer dans les dons du Saint-Esprit, j’ai demandé à Dieu ce qu’il fallait faire ensuite. « Enseigne-leur à prier, a été sa réponse. Mets dans leurs mains l’arme la plus puissante disponible pour les croyants, enseigne-leur à écouter ma voix. »

J’ai démarré un groupe avec vingt-cinq enfants âgés de quatre à douze ans, les retrouvant chaque dimanche trente minutes avant le culte pour prier ensemble. La pièce a été remplie du Saint-Esprit et plusieurs enfants ont commencé à parler en langues sans que nous ayons donné aucune instruction ou que quiconque ait prié pour eux. Les enfants notaient (ou dictaient) leurs sujets d’intercession sur un tableau avant le début de la rencontre ; un petit enseignement de cinq minutes était donné sur un sujet lié à la prière. Puis les enfants commençaient à prier les uns pour les autres, que ce soit pour des guérisons ou d’autres besoins. En quelques semaines, l’équipe comptait soixante-cinq enfants et a dû trouver une nouvelle salle. Petit à petit, ils ont ouvert leurs prières aux besoins de l’église, de la ville, de l’État et des nations.


Rien de nouveau…
Historiquement, des réunions de prière pour enfants ont été mises sur pied très régulièrement au cours des différents réveils qui ont eu lieu pendant l’histoire.

John Wesley écrivait par exemple dans son journal : Quand le révérend Murray McCheyne est revenu à Dundee en novembre 1839, il a découvert qu’il y avait trente-neuf réunions de prière hebdomadaires dans son église, cinq d’entre elles étant conduites et fréquentées entièrement par des jeunes enfants.

Charles Spurgeon, fameux prédicateur du dix-neuvième siècle, soutenait lui aussi le ministère des enfants. En avril 1868, il se faisait l’avocat des réunions de prières pour les enfants en disant : Ne craignez jamais la précocité, craignez plutôt l’indifférence. Il a conclu : Nous n’avons jamais développé le potentiel des jeunes comme nous l’aurions dû.

Alors que Dieu parle beaucoup dans ce domaine aujourd’hui, il nous faut réaliser qu’il s’adresse à toute l’église, les plus jeunes y compris ! Comme le dit Cheri Fuller : Ceux qui travaillent, jouent et prient avec les enfants savent qu’il n’y a pas de Saint-Esprit version junior. Le même Esprit qui donne des fardeaux d’intercession à des chrétiens adultes demeure aussi chez les enfants chrétiens. Dieu peut inspirer les prières d’un enfant de sept ans tout comme il peut révéler sa volonté à une personne de vingt-sept ou de soixante-dix ans. En fait, les enfants peuvent parfois entendre la voix de Dieu et prier des prières concises et ciblées plus facilement que les adultes…

Esther Ilnisky, femme d’un pasteur de Floride, organise des nuits de prière pour enfants avec des résultats étonnants. Elle travaille pour le mouvement AD 2000 & beyond avec le projet de mobiliser un million d’enfants tout autour du monde pour prier pour leur génération. Aujourd’hui, le million est déjà largement dépassé ! Elle explique : Si les jeunes et les enfants représentent plus de la moitié de la population mondiale, je crois que la moitié des chrétiens impliqués dans l’intercession autour du monde devrait être constituée de jeunes et d’enfants ! Je pense que les enfants qui aiment Dieu sont la ressource de prière la plus inexploitée actuellement tout autour du monde. Ne pas apprendre aux enfants à prier équivaut à un avortement spirituel. Beaucoup de prières ne sont ainsi jamais exprimées, ce qui entraîne le fait que beaucoup d’individus et de situations ne changent pas, car les enfants ne les apportent pas à Dieu dans l’intercession.


Intercéder en famille
L’enfant apprend à prier avant tout à la maison, par l’exemple de ses parents. Cheri Fuller écrit : Les enfants apprennent à prier quand ils vous voient prier, alors que vous intercédez en faveur des autres et faites confiance à Dieu pour la réponse. Ils apprennent à prier lorsque vous priez avec eux pour leurs préoccupations ou que vous les aidez à intercéder pour leurfamille, leurs amis, leur nation, leur monde. Ils apprennent à prier quand vous les enseignez, au travers de votre propre exemple, à venir à Dieu quand ils ont des besoins ou des sujets de louange, en confiant à leur Père céleste chaque domaine de leur vie.

Marc 11 : 17 nous rappelle :
« Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations. » La prière, sous toutes ses formes, doit donc être l’une des caractéristiques principales d’un foyer qui cherche à devenir un temple pour le Seigneur. La prière doit être intégrée dans d’autres moments de la journée que les repas et le coucher. Plus vous l’incluez dans tous les aspects de votre vie quotidienne, plus il y aura de chances qu’un enfant considère le fait de parler avec son Père céleste comme quelque chose d’aussi naturel que la respiration.

Dans ma propre vie, j’ai souvent réalisé que, pour prier, je me mettais à l’écart et avais plutôt tendance à m’isoler de mes enfants (afin de mieux pouvoir me concentrer…). En demandant à Dieu comment je pouvais former mes propres enfants dans la prière, sa réponse était claire : « Prie en leur présence ! » J’ai aussi réalisé que lorsque je priais avec mes enfants, j’avais tendance à les mettre au centre et à tout adapter pour eux : le choix de mes mots, l’intonation de ma voix, ma position… J’ai dû réapprendre à mettre Dieu au centre et à prier de façon naturelle !

Prenons du temps pour enseigner les fondements de la prière. Pourquoi prier à haute voix ? Pourquoi Dieu ne répond-il pas tout le temps ? Apprendre à prier est un processus qui prend du temps, comme le rappelle Cheri Fuller : Un conseil : commencez quand ils sont tout jeunes. Enseignez-leur à parler à Dieu quand ils commencent à parler. Priez avec eux tout au long de leur enfance. Si nous arrivons à capturer leur coeur pour la prière à cet âge-là, nous augmentons considérablement les chances pour qu’ils deviennent des intercesseurs à vie, tout spécialement pendant les années turbulentes de l’adolescence.

Dans notre famille, nous avons une liste de sujets que les enfants ont dessiné sur une feuille et que nous gardons affichée dans la salle à manger. Ainsi, nous les avons tout le temps sous les yeux pendant la journée. Nous prions chaque jour pour ces sujets jusqu’à la réponse. Ce faisant, les enfants apprennent à persévérer jusqu’au bout. Parfois, Dieu répond tout de suite, d’autres fois dans la semaine qui vient, d’autres fois encore cela prend des mois. Quelquefois, Dieu dit « non ». Nous avons dans notre famille une dizaine de sujets de prière à la fois. Nous pouvons mettre contre le mur des photos de personnes ou de pays pour lesquels nous prions. Les enfants aiment prier pour d’autres nations, et cela élargit la vision de toute la famille. Un petit me disait très sérieusement qu’il avait prié pour « Madame Gascar » (Madagascar) et le « Zim Babouin » (Zimbabwe).

A côté de cette liste de sujets, nous avons une liste de réponses. Comme nos enfants sont petits, nous avons imagé cette liste sous forme d’une fleur. Chaque fois que Dieu répond à l’une de nos prières, nous ajoutons un pétale avec le dessin de l’exaucement. Dernièrement nous admirions cette fleur, réalisant la fidélité de Dieu en comptant le nombre d’exaucements. Nous avons tendance à oublier tellement vite ! Comme le dit le chant, « compte les bienfaits de Dieu, mets-les tous devant tes yeux ». Cette feuille est un rappel constant que nous avons un Dieu qui répond aux prières. D’autres familles ont un agenda de prière dans lequel sont notés les sujets et leurs exaucements.

Dans la manière de prier, comme nos enfants sont petits, nous essayons d’être créatifs pour stimuler la participation. Parfois nous faisons tourner un couteau sur la table et, quand le couteau s’arrête, c’est à celui vers lequel la pointe du couteau est dirigée de prier. D’autres fois nous prenons une pomme. Après avoir prié, la personne croque dedans, puis la passe à la personne de son choix, qui prie alors à son tour. D’autres fois encore, nous utilisons des dés. Chaque membre de la famille choisit un chiffre et, quand les dés l’indiquent, c’est à son tour de prier. Quelquefois nous faisons des postes de prière autour de la salle à manger et chacun en fait le tour à son rythme. Ou nous prions tous ensemble pour un sujet en même temps. Les formes sont innombrables. Avec des enfants plus grands, il y a moins besoin d’action ou de stimulation extérieure, surtout si la prière fait partie du style de vie familial depuis longtemps.


Apprendre aux enfants à prier dans l’église
Comment libérer le potentiel des enfants dans la prière dans notre vie d’église ? Voici quelques idées :

Prier de façon concrète et spécifique au lieu des « Bénis tout le monde ! » et « Que les guerres s’arrêtent ! » (qui sont de bonnes prières, mais tellement vagues et générales qu’il est difficile de voir des exaucements et de grandir ainsi dans notre confiance en Dieu). Pendant les dimanches qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 à New York, une église a affiché dans une classe d’école du dimanche des photos tirées de revues des différents aspects du drame (en évitant les photos les plus choquantes !) : les pompiers, Ben Laden, une personne qui pleure, le président… Ces images représentaient des postes de prière et les enfants passaient de l’une à l’autre, priant de façon spécifique pour chacune. Il est relativement simple de connecter l’intercession à l’actualité proche ou lointaine. Nous pouvons aussi diffuser des extraits de reportages filmés, du journal télévisé… On peut faire de même avec des photos de missionnaires, de gens malades…

Prier à l’extérieur. Il y a quelques années, au centre-ville d’Yverdon (Suisse), le musée de l’utopie et de la science-fiction a ouvert ses portes. Une statue étrange a été placée à son entrée. Beaucoup de gens étaient mal à l’aise par rapport à cette statue et à ce qu’elle dégageait. Un dimanche matin, le Seigneur a mis sur le coeur de l’une des monitrices de l’école du dimanche de se rendre sur les lieux avec son groupe d’enfants et de prier pour que cette statue soit enlevée. La semaine suivante, la statue était ôtée ! Ayant affaire à une génération visuelle, il est vraiment stimulant pour les enfants de voir les choses ou les personnes pour lesquelles ils prient.

Prier pour les gens. Lors de la grande conférence suisse Explo’98 à Bâle, une équipe des Fabricants de Joie constituée d’enfants et d’adolescents s’est engagée à prier pour les gens qui le désiraient dans un « espace bénédiction ». C’était impressionnant de voir combien les personnes recevant la prière étaient touchées par ces prières toutes simples et qui allaient la plupart du temps droit au but ! Plusieurs ont reçu des paroles spécifiques pour la vie de ces gens. Les enfants aiment prier les uns pour les autres et, une fois la gêne du début passée, ils seront encouragés. Cela peut se vivre régulièrement les dimanches matin, ou dans des groupes de maison.

Commençons à associer nos enfants à notre vie spirituelle. Ils ont une foi incroyable, ce sont des intercesseurs et des évangélistes pleins de zèle. Mais formons-les d’abord par notre exemple sans placer sur eux des attentes démesurées. Avant leur comportement, c’est notre regard sur eux qui doit évoluer. Avant de vouloir les voir devenir des héros de la foi, prenons notre place sur la brèche pour prier pour eux. Quelqu’un a dit : Il est plus important de parler à Dieu de nos enfants que de parler de Dieu à nos enfants. Commençons par là, et laissons le Seigneur faire sa part pour se révéler à eux et les enflammer pour lui.


Des ressources pour aller plus loin :

« Une vision pour les enfants dans l’église », Guy Zeller, Editions Jeunesse en Mission

« Une vision pour la famille », Guy et Joële Zeller, Editions Jeunesse en Mission

« Quand les enfants prient », Cheri Fuller, Editions Jeunesse en Mission