Le Lien des cellules de prière

122 | Juillet 1977

Vivre dans la nouvelle alliance

Béni soit Dieu qui, au travers des groupes du Renouveau dans l’Esprit Saint, donne des cellules chargées de vie pour reconstituer le tissu passablement élimé de son Église et pour révéler la proximité de son Règne! Béni soit Dieu qui donne à son Peuple de retrouver: – la plénitude d’une communion personnelle avec le Christ – la prière et l’évangélisation communautaire dans la joie – une foi renouvelée en l’autorité du Seigneur sur les puissances spirituelles mauvaises – la redécouverte des dons spirituels et même de certains ministères – la vision du Corps de Christ au travers de toutes les dénominations chrétiennes – l’espérance accrue dans la venue du Messie, etc. Il reste encore beaucoup à explorer dans tous ces domaines…

Mais tout cela pourrait encore n’être qu’à usage interne, en vase clos dans nos groupes, sans que le Père puisse recueillir chez nous le fruit dont le monde a besoin. Or le fruit que l’humanité doit pouvoir consommer afin de venir à Christ, c’est cette manière de vivre que Jésus nous présente dans le sermon sur la montagne (en particulier Mat. 5 et Luc 6) et qui est comme une Bible ouverte sur le monde.

Aimer nos ennemis, pardonner d’avance à nos offenseurs, donner à celui qui demande au risque d’être trompé, bénir et secourir celui qui nous persécute ou nous vole, aller au-devant de celui qui a quelque chose contre nous, partager avec ceux qui ne pourront jamais nous le rendre (Luc 14:12-14)… Comment cette sainte folie est-elle possible? N’y a-t-il pas contradiction entre les pressions et les lois de ce monde qui exigent que chacun se préserve et se défende, et les perspectives ouvertes ici par Jésus?


Révolution déjà gagnée. Mais Jésus précisément – loué soit-il – a résolu cette contradiction dans sa personne en l’englobant entièrement dans le don de sa Vie. Sa confiance dans le Père était telle qu’il a cru jusqu’au bout à la victoire, par son obéissance à Dieu, sur tout ce qui est faussé et aliéné dans l’humanité. Dans la croix, Jésus englobe tout homme: les exploiteurs publics, les gens légalement impurs (aujourd’hui les marginaux) comme les docteurs de la loi et les planificateurs du système qui étaient souvent ses adversaires. Il ne se sépare lui-même de personne, bien qu’il soit le Saint de Dieu, le "Mis à part" sans compromis avec le mal. S’il est mis à part, c’est justement pour réunir toute la Création en Dieu (Col. 1:20). Il n’est pas saint pour se séparer et constituer sa secte orgueilleuse. S’il y a cependant division à son propos (Mat. 10:34), ce n’est pas son fait ("Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font!") mais le fait de ceux qui le refusent et refusent l’entrée dans la communion du Royaume de Dieu. Dans sa mort donc, Jésus a porté cette contradiction entre intérêt privé et volonté de Dieu et il en a triomphé dans sa résurrection! La voie est désormais ouverte!

Nos motivations. Aux situations faussées héritées des générations précédentes et de notre éducation plus ou moins malheureuse, nous réagissons tous faussement, nous aussi, comme les autres! Nous croyant rejetés, nous nous rebellons contre les autres, contre Dieu, contre nous-mêmes, devenant accusateurs, jaloux, repliés sur soi, agressifs, etc. Il en résulte des racines de ressentiments vengeurs et d’amertume qui nous lient et nous empoisonnent comme un cancer, souvent à notre insu. Or, la guérison est à notre portée car tout cela, si nous le voulons bien, se trouve déraciné par la mort de Jésus, puisque nous-mêmes nous avons été mis à mort en Lui par le baptême reçu dans la foi. Toutes ces fausses réactions accumulées, au lieu de les dorloter comme un trésor empoisonné, confions-les résolument à la tombe de Jésus! Et nous voilà délivrés! Mais, après la question de notre inconscient, c’est celle de notre conscient qui doit être réglée. C’est pourquoi la croix doit aussi passer sur notre volonté.

Notre volonté: elle est caractérisée dès notre naissance par l’esprit de calcul; nous trouvons trop risqué de vivre comme Jésus l’indique. Se convertir, ™c’est renoncer délibérément et lucidement à cet esprit de calcul centré sur soi-même, au profit de l’esprit de grâce qui ne calcule pas mais donne, pardonne, se donne, renoue le dialogue, espère contre toute espérance. L’entreprise est difficile, oui, mais pas impossible si nous sommes prêts, comme de vrais disciples, à perdre notre vie autonome pour la retrouver dans le Christ glorifié. C’est au fond une question de foi.

Ai-je peur de pardonner, craignant que mon adversaire en profite pour recommencer? Mais n’ai-je pas obtenu moi-même miséricorde? Christ a vaincu l’opposition mondiale par la force du pardon… ne vais-je pas être du côté de sa victoire? (Quelle révolution politique!).

Ai-je peur d’aller au-delà de celui qui veut profiter injustement de moi par crainte de me faire exploiter et de tout perdre? (Mat. 5:38-42). Mais où est mon honneur? Sur ma joue, dans mon rang social? Ou dans l’accueil gratuit du Dieu éternel de qui les doux hériteront la terre?

Ai-je peur de partager mon capital avec les pauvres qui ne pourront jamais me rendre un intérêt quelconque? (Luc 6:34-35.) Mais qui s’occupe de mes biens sinon le Père lui-même? (Mat. 6:32).

Ai-je peur de manquer de temps si je m’occupe du blessé, du dépressif au bord du chemin? Mais "n’y a-t-il pas 12 heures au jour" de Celui qui est maître même du temps? (Jean 11:9).

Ai-je peur de continuer le dialogue avec des frères que j’estime – avec raison peut-être – pas encore assez dégagés de certaines formes d’idolâtrie? Mais qui me libère de toute souillure sinon Celui qui me dit "tout est pur pour celui qui est pur"? (Tite 1:15).


Ne pas manquer le virage. Voilà le sel qui va saler la terre, la lumière qui va l’éclairer et préparer le chemin du Seigneur qui vient! Le renouveau actuel, avec ses charismes et son abondance spirituelle, n’est pas donné pour autre chose. Prenons garde de ne pas être de ceux qui ont pratiqué l’iniquité pour n’avoir pas vécu cela mais s’être entre-déchirés dans le jugement de leurs frères pour des questions qui ne doivent jamais interrompre le courant régénérateur de la vie divine (Mat. 7:21-23). Prenons garde de ne pas être de ces chrétiens qui veulent servir – le Seigneur et leur apparence (Mat. 6:1-18) – le Seigneur et leur argent (Mat. 6:19-24) – le Seigneur et leur propre jugement (Mat. 7:1-5).

Au lieu de fractionner le Renouveau en écoles et tendances diverses, nos églises en querelles de personnes, exerçons-nous plutôt à pratiquer ce mode de vie entre nous, afin de pouvoir en porter le ferment dans la société! Le développement du réveil actuel est certainement à ce prix, dans l’espérance active de la venue en gloire du Seigneur JÉSUS.