Le Lien des cellules de prière

116 | Janvier 1976

Soyez des hommes

Il m’arrive parfois de rencontrer des chrétiens ou des groupes qui ont perdu l’élan, le feu du premier amour, et qui ont assez de lucidité pour s’en apercevoir et en souffrir. Ils ont vécu une magnifique expérience de renouveau dans l’Esprit et voilà que, deux ans après, ils se retrouvent un peu desséchés, certes toujours dans une foi réelle, mais sans vision, sans enthousiasme pour témoigner, fluctuant entre des hauts et des bas spirituels. C’est à ce genre de situations qu’il nous faut tenter de répondre selon la Parole de Dieu.
 

Affronter la vérité
Tout d’abord, il faut dire une chose: si un tel "refroidissement" s’est produit pour vous, n’essayez surtout pas de le camoufler. Seule la vérité est pratique! "Éternel, Tu me sondes et Tu me connais…" (Ps. 139:1) Alors? Pourquoi se jouer la comédie et sauver les apparences? Ceux qui veulent à tout prix conserver les symptômes de la ferveur alors qu’ils ne l’ont plus, au lieu d’examiner l’intérieur du plat, soignent le dehors et tombent dans le légalisme hypocrite des pharisiens. Il vaut mieux crier au Seigneur comme Pierre humilié de son manque d’amour réel: "Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime" (Jean 21:17). Car nous avons un Père qui fait grâce aux humbles et qui nous connaît.

Naturellement, il est exclu pour un chrétien de se complaire dans un tel état de faiblesse sous prétexte de sincérité. Alors, demandons-nous pourquoi des chrétiens sincères ont pu ainsi devenir perplexes devant la constatation que les riches bénédictions du début semblaient ne plus se renouveler de la même manière.

Il peut évidemment y avoir une quantité de raisons (péché non confessé et persistant, liens anciens qui n’ont jamais été rompus, etc.). Mais parfois, il n’y a ni péchés, ni liens particuliers. Qu’y a-t-il donc?
 

Affermis dans la foi… (Col. 2:7)
Il y a simplement ce fait que Dieu ne nous laisse pas dans les langes! Mais veut nous voir grandir! En revenant d’une convention particulièrement chaleureuse, par exemple, nombreux sont ceux qui voudraient retrouver chaque jour les mêmes sensations, la même impression que la vie chrétienne est facile, que l’amour pour les autres coule de source, que l’adoration monte naturellement à notre cœur, etc. Et ils attendent de leur cellule de prière qu’elle leur rende cette impression à coups d’effusions successives du Saint-Esprit. Cet état est normal pour un nouveau-né dans la foi. Mais les autres? Les voilà désemparés parce qu’il s’agit de mettre en œuvre leur volonté régénérée face à un commandement qui n’apparaît plus comme une grâce… C’est là la moue d’un bébé qui ne veut pas grandir et qui alourdit la marche des frères pour la mission du Messie.

En effet, le temps est venu pour eux de marcher en Christ et non plus seulement de téter! Les effusions spectaculaires, qui donnent à la vie chrétienne ce côté si merveilleusement victorieux et léger, sont le fait surtout des nouveau-nés de 1’Esprit, ou aussi le fait de certains moments de notre vie qui sont comme des paliers spirituels pour une nouvelle étape. Béni soit Dieu pour de si grandes attestations de sa puissance! 
Ne les refusons jamais, mais réjouissons-nous-en! Aspirons ardemment à voir s’accomplir de telles promesses. (Actes 1:4-8)

Mais après… et entre deux? On ne "sent" peut-être plus rien ou pas grand-chose… et il semble que le Seigneur nous laisse nager tout seul. À certains égards oui, c’est bien cela; mais Il est notre Père et Il veille. Et si, malgré la nuit, nous tenons, c’est encore par sa force. Il nous apprend 1’obéissance gratuite et virile de ceux qui aiment sans avoir toujours besoin d’un bonbon. C’est dans ces moments-là que nous grandissons pour de plus grandes victoires!
 

La force augmente pendant la marche (Ps. 84:8)
L’histoire d’Israël nous sert d’exemple. L’Exode nous montre sa libération provoquée par une série d’événements bouleversants accordés tout à fait gratuitement: le fléau destructeur lui est épargné et la mer s’ouvre devant lui, engloutissant ses ennemis. Mais rapidement, la dure expérience de la liberté fait sentir le poids du désert dans lequel il doit marcher: faim, soif, ennemis de tous côtés… Dans sa bonté, le Seigneur intervient par la manne, les cailles, l’eau du rocher, des victoires surprenantes. Mais, plus le peuple avancera vers la Terre Promise, plus il devra apprendre la marche par la foi (livre des Nombres). Le passage par la mer, la marche sous la nuée et le don de la loi ont été pour Israël des événements analogues à ce que nous vivons dans les baptêmes d’eau et d’Esprit… Ces événements n’allaient cependant pas se renouveler indéfiniment. Ce qui allait se renouveler, c’était la présence agissante du Seigneur, même quand elle ne semblait pas évidente afin que le Peuple de Dieu devienne un peuple aguerri spirituellement.

Apprendre à marcher par la foi, non par la sensation, sur la base de la Parole de Dieu, non sur celle des expériences passées, voilà un premier principe de victoire. C’est pour n’avoir pas appris cette leçon de foi que les Israélites reculèrent devant les frontières de Canaan et durent errer 40 ans de plus dans le désert de l’apprentissage. Pour nous aussi, aux frontières du monde à venir, c’est toujours par cette même foi en l’œuvre victorieuse accomplie par Jésus qu’il nous faut avancer (Deut. 7:17-19).

Il y aurait un deuxième principe à redécouvrir: la vie de l’Esprit ne se renouvelle dans la vie des communautés et de chaque croyant, que 
quand la foi devient une pratique de vie, selon les indications données par Jésus dans le sermon sur la montagne. Mais ce pourrait être l’objet d’un autre article.

Alors prenons courage, le Seigneur ne nous a ni oubliés, ni abandonnés. Simplement, il nous apprend la vie adulte, en vue de nouvelles bénédictions et de nouvelles victoires.