Le Lien des cellules de prière

214 | Juillet 2000

Prophètes et prophétisme

Dans la confusion qui règne aujourd’hui, nous avons besoin de revoir notre échelle des valeurs. Si les hommes n’ont pas totalement éliminé Dieu, ce n’est pas lui qui fait référence. Toute notre société est organisée en fonction du succès et de l’argent. Si, dans son but initial, l’Organisation Mondiale du Commerce (O.M.C.) voulait permettre à tous les peuples d’accéder aux richesses du monde, c’est le contraire qui se passe: les riches s’enrichissent toujours davantage, tandis que la misère ne fait qu’augmenter chez les pauvres. L’argent d’abord.

Le sport, qui est une excellente chose, devient une affaire d’argent. On en fait un culte et on pourrait allonger la liste.
 

Idoles muettes
Ce sont bel et bien des idoles muettes, au même titre que les statues de bois ou d’or des anciennes civilisations que nous considérons cependant comme primitives. Voyez ce qu’en dit le prophète Esaïe: "Ainsi parle l’Éternel, Je suis le premier et le dernier, et hors de moi il n’y a pas de Dieu… Ceux qui fabriquent des idoles ne sont que vanité et leurs plus belles œuvres ne servent à rien. L’homme coupe un arbre; avec son bois il se chauffe, il cuit sa viande et son pain; puis avec un morceau, il fabrique une idole, se prosterne devant elle et lui dit: Sauve-moi, car tu es mon Dieu." (Es. 44:6, 9, 15-17)

Aujourd’hui, ni la finance, ni aucun surhomme ne pourront résoudre les problèmes du monde, ni répondre aux besoins profonds du cœur de l’homme.
 

Dieu parle
Le Dieu qui se révèle dans la Bible est un Dieu qui parle. À la différence des discours creux des hommes, sa parole est créatrice. Il dit: "Que la lumière soit et la lumière fut" (Gen. 13). Toute la Bible nous rappelle comment Dieu a voulu établir un dialogue avec les hommes. Certains d’entre eux ont été à son écoute et ont transmis des messages de sa part. La Bible en mentionne quelques-uns: les patriarches, Moïse, Samuel, les prophètes. Par exemple, Dieu dit à Abimélec qu’Abraham est un prophète (Gen. 207). Pour la plupart, nous ne savons ni leur nom, ni ce qu’ils ont dit. Sans doute, leur message concernait-il un cercle limité, pour un moment précis.

Il en va de même aujourd’hui dans les églises ou les groupes de prière.

Les prophètes dont nous avons des messages écrits dans la Bible sont donc l’exception.
 

La mission du prophète
Un prophète n’est pas premièrement un homme qui fait des révélations fracassantes au sujet de l’avenir. C’est un homme qui vit à l’écoute de Dieu et devient son porte-parole. Ainsi, pour Ezéchiel: "La parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots: Fils d’homme, je t’établis comme sentinelle sur la maison d’Israël. Tu écouteras la parole qui sortira de ma bouche et tu les avertiras de ma part." (Ezéch. 317)

À côté du culte du temple, avec ses sacrifices offerts par les prêtres, culte souvent tombé dans le formalisme, le prophète veille à ce que l’alliance de Dieu avec son peuple soit une réalité vivante! Il l’avertit lorsqu’il se détourne de sa loi pour offrir des sacrifices aux pouvoirs du monde. Il le met en garde sur les conséquences qu’entraîneront ses désobéissances.

Lorsque le peuple est dans la détresse (famines, invasions, déportations), le prophète lui rappelle que Dieu l’aime malgré tout et ne l’abandonnera pas s’il revient à Lui. Il fait alors entendre un message d’espérance.

Ces promesses peuvent avoir un accomplissement immédiat, ou, au contraire, concerner une époque plus lointaine. Ce dernier cas est celui des prophéties concernant la venue du Messie, l’établissement de la paix, le rassemblement de toutes les nations pour adorer Dieu. (Voir en particulier Esaïe, Joël, Michée, Zacharie).

Parce que la vérité n’est pas toujours agréable à entendre, les prophètes n’étaient pas populaires. On les rendait responsables des malheurs qui frappaient le pays (cf Elie, 1 Rois 187). C’est pourquoi, Jérémie a voulu résister à l’appel de Dieu: "Ah! Seigneur! Je ne sais pas parler, car je suis un enfant. Et l’Éternel me dit: Ne dis pas, je suis un enfant. Car tu iras auprès de tous ceux vers qui je t’enverrai et tu diras tout ce que je t’ordonnerai." (17) Plus tard, alors qu’il est découragé par l’opposition il s’écrie: "Tout le monde se moque de moi… Si je dis: je ne ferai plus mention de lui, je ne parlerai plus en son nom, il y a dans mon cœur comme un feu dévorant qui est renfermé dans mes os. Je m’efforce de le contenir et je ne le puis." (Jér. 207,9)

C’est grâce à un Éthiopien que Jérémie échappa à la mort. D’autres y laissèrent leur vie (cf Jér. 2620-24; Mat. 2329-31; Héb. 1136-37)
 

Jésus, le Messie promis
Vers 430 avant Jésus-Christ, le prophète Malachie annonce le retour d’Elie qui ouvrira le chemin du Messie. Suivent quatre siècles de silence, jusqu’au jour où Siméon et Anne, conduits par le Saint-Esprit, reconnaissent le Messie en l’enfant Jésus, que ses parents sont venus présenter au temple. Puis 30 ans plus tard, c’est Jean-Baptiste qui en a la révélation au Jourdain (Luc 225-38; Marc 19-11)

"Après avoir autrefois parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces temps qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils." (Héb. 11-2) "La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous." (Jean 114)
 

Le ministère de Jésus.
Jésus a commencé son ministère en proclamant: "Le temps est accompli, le Royaume de Dieu s’est approché. Repentez-vous (=changez de mentalité) et croyez à la bonne nouvelle" (Marc 115). Jésus est venu accomplir les prophéties de l’Ancien Testament. Les rédacteurs des évangiles le relèvent tout au long de leurs récits. Porteur de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour le monde, il parle avec autorité. Sa parole est créatrice (miracles, guérisons). Il nous prouve cet amour en mourant sur la croix. Enfin Dieu le confirme comme "son Fils" en le ressuscitant des morts (Rom. 14)
 

Jésus prophète
Jésus savait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. Il connaissait la mort qui l’attendait et la trahison de Judas. Il a prévenu Pierre de son reniement. Les trois premiers évangiles nous rapportent ses paroles sur les événements qui précéderaient son retour: destruction du temple de Jérusalem, catastrophes naturelles, troubles, guerres, persécution des disciples. Il leur laisse ces deux consignes: "Veillez et priez." "Cette bonne nouvelle du Royaume sera prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin" (Mat 2414)

Les paroles de Jésus au sujet de l’avenir n’ont pas pour but de satisfaire notre curiosité, mais d’affermir notre foi et nous stimuler. (N’oublions pas que seul le Père connaît l’Heure et le Jour).
 

La prophétie dans la première église
La Pentecôte marque une nouvelle étape dans le plan du salut. C’est la réalisation de la prophétie de Joël, reprise par Pierre dans son discours de Pentecôte: "Vos fils et vos filles prophétiseront". (Actes 217-21) Par le Saint-Esprit, le don de prophétie est accordé aux croyants. Le livre des Actes nous en donne quelques exemples. Agabus annonce une grande famine; plus tard, il prédit à l’apôtre Paul qu’il serait emprisonné à Jérusalem (Actes 1128; 2110-11). À Césarée, Philippe avait quatre filles qui prophétisaient (219); Dans l’église d’Antioche, il y avait des docteurs et des prophètes. Le Saint-Esprit dit: "Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés." (Actes 132) À la fin de son ministère, Paul écrit à Timothée: "Ne néglige pas le don qui est en toi et qui t’a été donné par prophétie." (1 Tim. 414)
 

L’apôtre Paul et le ministère prophétique
L’apôtre Paul, dans les chapitres 12 à 14 de la première épître aux Corinthiens donne un enseignement important sur les dons de l’Esprit. Voilà ce qu’il nous dit des prophètes. "Celui qui prophétise parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console… Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent et que les autres jugent, et si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise. Car vous pouvez tous prophétiser successivement afin que tous soient instruits et exhortés. Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes, car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix." (1 Cor 14:3, 28-32)

Dans le passage que nous venons de citer, le mot révélation se dit en grec "apocalupsis". C’est le titre donné au dernier livre de la Bible. C’est par erreur que nous donnons trop souvent le sens de catastrophe à ce mot.

Ajoutons encore que si quelqu’un vous adresse une prophétie indiquant un choix à faire, une direction à prendre, cette prophétie devrait confirmer une orientation déjà déposée par l’Esprit dans votre cœur, même si elle est encore vague (et contre laquelle il se peut que notre nature charnelle tente de résister…). Le Seigneur ne dirige pas ses enfants par des sortes de "diktats" tombés du ciel et sans rapport avec ce qu’il leur a déjà révélé personnellement. Voyez, par exemple, comment l’Esprit avait parlé à Paul déjà avant qu’Agabus ne prophétise à son sujet: d’une part Actes 2022-23 et, d’autre part Actes 2110-14. Nous voyons aussi que le rôle du prophète n’est nullement de diriger les gens, mais seulement de leur donner des indications, ce qu’a fait Agabus! Certains avaient voulu empêcher Paul de se rendre à Jérusalem, vu le danger (214), mais Paul persévérera dans sa conviction d’y aller quand même, au péril de sa vie.
 

Prophéties concernant le Messie
Les nombreuses prophéties de l’Ancien Testament au sujet du Messie parlent souvent tout à la fois de sa première venue et de son retour en gloire. Ce n’est que depuis l’Ascension que nous pouvons faire la distinction entre les unes et les autres. L’accomplissement des premières (naissance, souffrances, mort, résurrection), est une garantie pour les secondes, même si nous n’en connaissons pas la date.

Les prophéties du Nouveau Testament sont centrées sur le retour du Christ. 1 Cor, 1531-33 et 1 Thess. 413-18 en parlent en rapport avec l’enlèvement de l’Église et la résurrection des croyants. Elles sont en harmonie avec les paroles de Jésus. (Mat. 2440)
 

L’Apocalypse
Ce livre a ses racines dans les prophéties d’Ezéchiel et de Daniel, comme dans les paroles de Jésus. Il a été écrit suite à une vision donnée par Jésus pour encourager les Églises à tenir ferme, et non pour satisfaire notre curiosité. Dans cette vision, Jésus nous ouvre d’abord une fenêtre sur le ciel. Jean a contemplé Dieu dans sa gloire et Jésus, l’Agneau immolé.

Par une série d’images, il nous dévoile l’avenir de ce monde: guerres, famines, pollution, dictature mondiale inspirée par Satan, jusqu’à son effondrement. C’est la destruction de Babylone, symbole de notre civilisation: "Ils pleurent les marchands d’or, d’argent… de blé… de corps et d’âmes d’hommes" (Apoc. 1811-13). Dernier acte, les noces de l’Agneau (Christ et l’Église), la nouvelle Jérusalem descend du ciel: plus de larmes, plus de deuils. Avec cette conclusion: "Viens Seigneur Jésus". C’est aussi notre prière; et sa réponse: "Oui, je viens bientôt".
 

Les faux prophètes
Malheureusement, il y a toujours eu des hommes qui ont prophétisé sans que Dieu leur ait parlé, par ambition ou pour plaire au roi. Déjà le Deutéronome les dénonce (Deut. 1820-22), puis Jérémie (23); Ezéchiel (13 et 2228). Jésus nous a prévenus: "Il s’élèvera des faux Christs et des faux prophètes. Ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élu" (Mat. 2424). Il en existe aujourd’hui. Faux prophètes ou gourous, ils entraînent des gens crédules par des messages trompeurs. Ils se réclament souvent de la Bible, mais y ajoutent de fausses doctrines, prétendent être seuls à détenir la vérité, fixent la date du retour du Christ et créent des sectes. (Heureusement, ils ne finissent pas tous comme la secte des dix commandements en Ouganda).

D’un autre côté, il y a la foule, composée même de chrétiens, qui vivent comme si ce monde devait toujours durer, comme au temps de Noé. C’est pourquoi, l’appel de Dieu, transmis par Ezéchiel est d’actualité: "J’ai cherché un homme qui se tienne sur la brèche devant moi, en faveur du pays, pour que je ne le détruise pas" (Ezéch. 2230). Car dans ces derniers temps de la patience de Dieu, il désire sauver encore beaucoup d’hommes.
 

Quelques critères de discernement des vrais et des faux prophètes

1) Le Saint-Esprit ne peut pas se contredire. Tout message qui contredit l’Écriture doit être rejeté.

2) Tout esprit qui ne reconnaît pas Jésus-Christ venu en chair, qui nie le Fils et le Père, c’est l’esprit de l’Antichrist (1 Jean 222; 42-3).

3)
"Vous les reconnaîtrez à leurs fruits", dit Jésus: paroles et actes doivent être conformes à la volonté de Dieu (Mat. 715-22).

4) Le prophète doit être soumis à ses frères pour le discernement.

5) Le prophète n’est pas un juge. Il avertit dans l’humilité et la souffrance. Il ne condamne
pas; il appelle à la conversion. Il exhorte, édifie et console. À l’occasion il dévoile le secret des cœurs. (1 Cor 143, 24-25)

6) Une prédiction sera parole de l’Éternel lorsqu’elle s’accomplit (Deut. 1822); il faut donc y être attentif.