Le Lien des cellules de prière

272 | Janvier 2015

La prière construite

Pour écarter d'abord tout malentendu, il faut bien préciser ce que nous entendons par « prière construite ».
Il ne s'agit pas d'une prière programmée à l'avance, obéissant à un plan préétabli, ce qui risquerait d'entraver la liberté de l'Esprit Saint. Il ne s'agit pas d'une prière construite avec des règles élaborées antérieurement et imposées à l'assemblée.
La prière construite dont nous parlons n'est pas une construction des hommes et des femmes que nous sommes, mais une construction de l'Esprit Saint. C'est-à-dire que la prière construite ne peut être qu'un cadeau de Dieu, cadeau que nous voulons nous disposer à recevoir.
Pour cela il nous faut peut-être commencer par une parole fondamentale de Jésus, lorsqu'il disait à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église » (Mt 16/18).
Simon Pierre vient de recevoir de Dieu le Père la révélation que Jésus est « le Messie, le Fils du Dieu vivant » (16). Et c'est sur cette parole de Pierre, parole révélée, parole prophétique, que Jésus dit vouloir bâtir son église.
Voilà donc une parole fondamentale, une parole « de fondations » : le Seigneur construit son Eglise, et il la construit parce qu'il est le Messie (comme Pierre vient de le comprendre). Le Messie que nous attendons est à l'œuvre, il construit son Eglise.

L'apôtre Pierre n'a pas oublié cette parole de Jésus. Preuve en est que dans sa 1ère épître il écrit :
Approchez-vous du Seigneur, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous, bâtissez-vous, construisez-vous…pour former une maison spirituelle. (1 Pi 2/4-5) La Traduction Oecuménique (TOB) de la Bible traduit fort bien la chose en disant : Entrez dans la maison habitée par l'Esprit.

Ainsi Jésus, parce qu'il est le Messie, bâtit par l'Esprit Saint une construction dont il est en même temps la pierre fondamentale… « Pierre vivante », ces deux mots sont appliqués à Jésus au verset 4 et à nous au verset 5.
Il faudra nous souvenir de ce texte lorsque nous parlerons de la prière : « Entrez dans la construction de la maison habitée par l'Esprit ». La prière est une entrée dans la construction du Messie.

L'apôtre Paul n'est pas en reste quant à l'utilisation de l'image de la construction. Dans sa lettre aux Ephésiens (2/20-22) il écrit aux chrétiens d'origine païenne (non juive) :
Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondation les apôtres et les prophètes (tous juifs) et Jésus Christ lui-même comme pierre maîtresse. Et il ajoute : C'est en lui (le Christ, le Messie) que toute construction s'ajuste et s'élève, pour former un temple saint, dans le Seigneur.
Ainsi, par notre baptême, nous avons été intégrés dans la construction du Seigneur. Et cette construction sera un jour achevée. Mais voici un autre texte de Saint Paul qui va nous rapprocher de l'objet de cette étude : « la prière qui construit ». Il se trouve dans 1 Co 14/4 : Celui qui parle en langue se construit lui-même. Celui qui prophétise construit l'église.
Examinons, l'une après l'autre, ces deux réalités essentielles dans la prière de l'église.


1.Dans la prière nous nous construisons nous-mêmes. Pourquoi ?
D'abord pour la simple raison que, depuis notre naissance, nous construisons petit à petit notre personnalité. Cela est évident pour tout être humain. Mais cette construction se fait plus ou moins bien. Certains adultes restent immatures ; ils ne se sont pas vraiment construits. Ils semblent n'être qu'un tas de pierres, parce qu'ils n'ont pas trouvé le sens de leur vie. C'est la pagaille au-dedans d'eux-mêmes. Cela peut aller jusqu'au désordre mental, que les psychiatres tentent de soigner. Mais cela peut prendre une forme plus courante et chacun de nous peut, à un moment ou à un autre, paniquer devant le désordre de son être intérieur.
La prière est le lieu privilégié où nous pouvons être reconstruits, parce qu'en priant, nous nous plaçons devant le Christ, le divin constructeur, bâtisseur de notre vie en même temps qu'il bâtit son Eglise. C'est aussi pourquoi « celui qui parle en langue s'édifie lui-même », car la prière en langue est peut-être la prière la plus intime, dans laquelle nous nous abandonnons à la présence de Dieu.
C'est ainsi que nous sommes construits par le Seigneur, au milieu du désordre de nos pensées. La prière est une thérapie. Mais elle ne doit pas être que cela. S'il n'y a pas de censure dans ce que nous pouvons dire à Dieu (les psaumes et le livre de Job en sont la preuve) il y a un but vers lequel le Seigneur veut nous conduire, une direction qu'il nous indique, car il veut nous faire entrer dans sa construction. C'est le sens de la seconde partie du verset de Saint Paul : « celui qui prophétise édifie l'église ». Osons donc aller jusqu'à dire :


2. Dans la prière, nous construisons l'Eglise
Paul dit cela, d'abord de celui qui prophétise. Mais qui prophétise au milieu de nous ? S'il peut être dangereux de s'attribuer le titre de prophète, il n'en reste pas moins que nous pouvons tous prophétiser, même à notre insu en disant dans nos mots humains ce que Dieu nous met à l'esprit. Ainsi une simple prière peut devenir prophétique, comme du reste, un enseignement peut être prophétique.
La prophétie peut nous mettre en garde contre un danger présent ou à venir. Elle peut nous aider à reconnaître, au contraire, que nous avons fait le bon choix et qu'il nous faut persévérer sans crainte sur le chemin choisi. C'est souvent lorsque la prophétie s'accomplit qu'il nous devient utile de la méditer. C'est ainsi que nous méditons avec intérêt les prophéties du premier Testament, concernant la naissance de Jésus, sa mort, sa résurrection. Elles nous aident également à méditer sur son second avènement et à nous y préparer.
Toute prophétie donnée dans nos assemblées n'est pas à prendre comme parole de Dieu infaillible. Paul écrit dans ce même chapitre 14 : « Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent et que les autres pèsent » c'est-à-dire discernent (29). Aux Thessaloniciens Paul écrivait : N'éteignez pas l'Esprit. Ne méprisez pas les prophéties. Examinez tout avec discernement. Retenez ce qui est bon et écartez-vous de toute espèce de mal (1 Th 5/19-21).
Une parole prophétique vraie, mais mal interprétée (ou mal appliquée) peut être aussi dangereuse qu'une fausse prophétie. Il nous faut donc tenir compte de ces avertissements, sans, pour cela, éteindre l'Esprit.
Et maintenant quelques mots de conclusion, sous la forme d'une exhortation qui tiendra en trois mots.


Première exhortation : veillez
C'est une exhortation qui revient souvent sur les lèvres de Jésus, surtout lorsqu'il parle de son Retour. Veillez en particulier sur votre prière : votre prière personnelle quotidienne, et votre prière partagée en communauté.

Deuxième exhortation : persévérez
Persévérer dans la prière, non pas à cause de la surdité de Dieu (il a bien entendu nos prières passées) mais pour mieux entrer dans la construction du Christ et dans sa propre prière (voir le « Notre Père »). Persévérer dans la prière, c'est laisser le Christ nous construire et construire son Eglise.
Au réveil, notre vue n'est pas toujours très claire (on se frotte les yeux). Il faut un temps d'accommodation. Persévérer dans la prière, c'est accommoder notre vision sur celle de Dieu. C'est là un aspect important du « réveil » des Eglises.


Troisième exhortation : espérez
L'espérance n'est pas un vague espoir. C'est au contraire une ferme assurance ; l'assurance que la prière de Jésus sera exaucée : « que ton Règne vienne » ; l'assurance que la prière de l'Esprit saint sera exaucée : « L'Esprit et l'Epouse disent VIENS ! ».

A cause de cette prière, l'Epouse sera bientôt prête pour la venue de son Epoux. Bientôt la construction sera achevée. Non pas une église qui établirait elle-même le Royaume de Dieu sur la terre, mais une église construite dans son être profond et prête à accueillir son Seigneur. Oui, bientôt la maison sera prête pour accueillir le Maître de Maison. C'est aussi pourquoi la louange peut avoir une grande place dans notre prière.

Maranatha !