Le Lien des cellules de prière

160 | Janvier 1987

La formation de disciples

"Allez vers les brebis perdues de la maison d’Israël. En chemin, prêchez que le royaume des cieux est proche, guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Dans quelque ville ou village que vous entriez, informez-vous s’il s’y trouve quelqu’un qui soit digne de vous recevoir, et demeurez chez lui jusqu’à ce que vous partiez. Entrant dans la maison, saluez-la." Mat. 10:6-8, 11, 12.

Jésus avait la bonne méthode pour la formation de disciples. Il donnait à ses disciples des choses à
faire au lieu de choses à emmagasiner dans leur cerveau. Et ils Lui obéirent.

Jésus n’a pas dit à ses douze, "Voudriez-vous aller prêcher? Vous pourriez peut-être prévoir une bonne petite tournée dans la région?" Non. Il leur ordonna et ils obéirent. Voilà comment sont formés les disciples.

Pour former des vies, il nous faut cesser d’être des orateurs et commencer à être des pères. Les orateurs n’ont que des auditeurs. Les pères ont des enfants. On n’apprend pas en entendant, mais en obéissant. Que se passe-t-il quand nous, les orateurs, avons fini de parler? Nos auditeurs disent, "Merci beaucoup, pasteur. C’était un excellent sermon." C’est tout?

Quand les soixante-dix revinrent à Jésus après avoir obéi à Ses ordres, ils racontèrent que les démons s’étaient soumis à eux. Jésus n’a pas dit, "Oh, c’est très bien d’avoir fait ce que je vous ai commandé." Non, Il avait un autre ordre: "Ne vous réjouissez pas de ce que… réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux." (Luc 10:20).

Quand Jacques et Jean voulurent faire descendre le feu sur les Samaritains hostiles, la Bible nous dit sans équivoque que Jésus "se tourna vers eux et les reprit sévèrement" (Luc 9:55). Il était en train de les former.

Quand Pierre objecta à l’idée de la crucifixion, Jésus lui dit, "Arrière de moi Satan! Tu es pour moi un scandale" (Mat. 16:23). Pouvons-nous imaginer un pasteur moderne disant quelque chose de semblable à ses ouailles? Que cela nous plaise ou non, la réprimande fait partie du processus de formation du disciple.
 

Voici la première loi de la vie du disciple:
Il n’y a pas de formation sans soumission

Les membres façon adhérents d’un "club" ne se soumettent pas. C’est même le contraire ils veulent que leur pasteur se soumette à eux. Dans l’Évangile du Royaume, le bras dirige les doigts et non l’inverse. La soumission est tellement évidente dans la Bible. "Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte de Christ," dit Eph. 5:21. "Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis. Car ils veillent au bien de vos âmes, dont ils devront rendre compte". (Héb. 13:17) Paul dit à Tite. "Ainsi dois-tu parler, exhorter et reprendre avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise" (Tite 2:15).

Nous, pasteurs, devons d’abord parler à nos enfants. S’ils n’obéissent pas, nous devons les exhorter. Si rien ne se passe encore, nous devons reprendre avec une pleine autorité. Autrement nous aurons des enfants gâtés.

Voyons maintenant la deuxième loi de la vie du disciple:
 

Il n’y a point de soumission sans soumission
(Vous pensez que je me suis un peu embrouillé là, mais non.)

La personne qui donne des ordres à ses disciples doit elle-même être sous les ordres de quelqu’un d’autre. Elle reprend ses disciples – qui la reprend elle? Il n’y a pas de soumission s’il n’y a pas de soumission à tous les niveaux.

Souvenez-vous du centurion romain qui demanda à Jésus de guérir l’un de ses serviteurs. Jésus lui dit, "J’irai le guérir." Alors le centurion répondit12, "Seigneur je ne mérite pas que tu entres sous mon toit, mais dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri. Car, moi qui suis soumis à des chefs, j’ai des soldats sous mes ordres et je dis à l’un: Va! et il va, à l’autre: Viens! et il vient, et à mon serviteur: Fais cela! et il le fait" (Mat. 8:7-9).

Il avait compris qu’avoir l’autorité signifie être soi-même sous une autorité. Je ne puis moi-même créer l’autorité pour ma propre vie. Il faut qu’elle vienne de l’extérieur. Romains 13:1 dit, "Il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu." Et si Dieu a choisi d’instituer deux ou trois niveaux au-dessus de moi? Très bien. Ce n’est que lorsque je suis en rang que l’autorité peut passer par moi aux autres.

Cela est très important. La formation exige non seulement la soumission mais aussi l’inter soumission.
 

Notre expérience
Comment avons-nous mis ces principes en pratique dans notre église à Buenos Aires? Eh bien, pour commencer il me fallut me placer sous l’autorité des autres ministres de ma ville (j’explique cela par ailleurs.). Dès lors, j’étais en droit de faire des disciples parmi mes propres fidèles.

Nous avons décidé de ne plus utiliser le mot "membre". parce que cela rappelait trop un club sans soumission. À sa place, nous avons décidé d’utiliser le mot "
disciple ". Tout le monde avait compris ce qu’était un disciple et savait qu’il n’en était pas encore un. Ce qui fait que si vous aviez demandé à quelqu’un, "tes-vous membre de cette église?" il vous aurait répondu, "Oui, je suis le membre No. 234, j’ai ma carte". Mais si vous lui aviez demandé, "tes-vous un disciple?", il vous aurait répondu, "Oh non. Pas encore. Je ne sais même pas si le pasteur lui-même est déjà vraiment un disciple. En tout cas, il ne m’a pas encore placé sous quelqu’un pour être formé à la vie de disciple."

Pendant un an et demi je n’ai cessé de prêcher sur la nécessité de former des disciples sans savoir comment amorcer le mouvement. Tout le monde avait compris le concept, mais nous ne savions comment changer. Pour finir, dans ma frustration, je dis, "Écoutez – Jésus s’est choisi douze disciples et à partir de là, il a commencé à bâtir. Je suis le Révéren Juan Carlos Ortiz et il faut que je continue à servir mon "club", mais je vais aussi commencer une église clandestine à côté."

Alors j’ai démarré dans ma propre maison avec les diacres de mon "club" et j’ai commencé à essayer d’en faire des disciples. Dans cette nouvelle structure, je ne suis plus un révérend, je suis Juanito. Avant il fallait que je sois respecté; maintenant je ne cherche qu’à être aimé.

Il nous a fallu près de trois ans, mais à la fin nous avions transformé tout le "club" en une famille de plus de 1500 disciples. Cela nécessita, bien entendu, la création d’un certain nombre de cellules. Pendant les transformations, de nouvelles personnes se convertissaient dans les cellules mais nous leur interdisions de venir dans l’église-club parce que nous ne voulions pas les gâcher avec l’ancienne structure. Le jour vint enfin où l’ancienne structure n’était plus. Dieu soit loué!

Savez-vous ce que nous avons fait alors?
Nous avons simulé une persécution. Nous avons fait semblant que pendant un mois notre bâtiment d’église nous avait été retiré. Nous nous sommes rencontrés dans les maisons, et les dimanches nous allions rendre visite à d’autres églises – catholique, baptiste, n’importe. Chacun de mes cinq disciples avait un groupe dans une partie différente de la ville. Cacho, par exemple – c’est un carrossier qui a sous lui 300 disciples répartis en différentes cellules. Il travaille neuf heures par jour à la carrosserie et réussit néanmoins à former la vie de plus de personnes que bon nombre de pasteurs à plein temps. Cacho et ses 300 personnes se rendirent à une église baptiste d’à peine une centaine de membres.

Vous vous imaginez cela! 300 visiteurs qui débarquent un beau dimanche matin. "D’où venez-vous tous?" "Nous sommes de l’église du Frère Ortiz." "Que faites-vous donc ici?" "Nous sommes venus vous rendre visite." "Et votre réunion?" "Eh bien nous l’avons supprimée pour pouvoir venir et être avec vous."
Voyez-vous, avec une pareille structure, on peut faire ce qu’on veut. Vous pouvez rassembler tout le corps en quelques heures si c’est nécessaire.

Peut-être qu’un jour nous pourrons nous passer complètement du bâtiment. Mais nous ne le vendrons pas. Nous y installerons des lits et des réfectoires pour venir en aide aux pauvres de la région. Ce sera aussi un centre d’accueil pour les visiteurs et les apôtres en tournée. Mais plus jamais ce ne sera une caverne où les croyants se cachent du monde. Jésus n’a jamais dit, "Pécheurs, venez à l’église." Il a dit, "Allez dans le monde et faites des disciples." Nos cellules, par contre, sont déjà dan Dies le monde. Elles se retrouvent n’importe où – à la maison, dans un parc, au restaurant, à la plage. Certaines se rencontrent à six heures du matin, d’autres à minuit, parce qu’il y a des gens qui travaillent tard. Elles sont souples.

Quand l’église est un corps de disciples, elle est élastique. L’Église se répand aux quatre coins de la terre; elle est libre d’être le sel de la terre et la lumière du monde.