Le Lien des cellules de prière
044 | Juillet 1961L’Église de maison
Une lecture attentive du Nouveau Testament nous apprend que les premiers chrétiens ne bâtissaient point de "lieux de culte". On ne trouve aucun exemple de frères édifiant une salle, une chapelle, une église ou une cathédrale. Et cependant le nombre des disciples était parfois très élevé.
Actes 2:41: "En ce jour-là furent ajoutées environ trois mille personnes." Actes 4:4: "Le nombre des hommes qui avaient cru s’éleva à environ cinq mille." Actes 6:1: "En ces jours-là, le nombre des disciples se multipliait." Actes 6:7: "Une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi." Actes 18:10 (à Corinthe): "J’ai un grand peuple dans cette ville."
Les juifs avaient leur Temple à Jérusalem, et des "lieux de culte", des synagogues dans beaucoup de localités. Les païens également avaient aussi des temples, parfois très somptueux.
Mais les chrétiens, à l’inverse des juifs et des païens, avaient compris qu’ils formaient une "maison spirituelle" pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ (1 Pierre 2:5). Ils savaient qu’ils étaient des "pierres vivantes", Jésus-Christ lui-même étant la pierre d’angle.
Déjà le Seigneur Jésus, parlant à la femme Samaritaine, avait annoncé que l’heure était venue dans laquelle les vrais adorateurs n’adoreraient le Père ni sur une "montagne de Galilée" ni à Jérusalem (Jean 4:20-24). Il n’y aurait plus dorénavant de lieu spécial consacré au culte. L’adoration, la prière, le culte, pourraient être offerts à Dieu "en tout lieu" (1 Tim. 2:8). En fait, dans le Nouveau Testament, nous voyons toujours les assemblées se réunir dans des maisons privées, ce qui ressort des textes ci-après:
À Jérusalem, les premiers disciples étaient réunis dans une "chambre haute" (Actes 1:13-15 et 2:1-(2). La fraction du pain (la sainte Cène) se faisait dans des maisons privées (Actes 2:42 et 46). On voit une assemblée réunie pour la prière dans une maison particulière, la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc, "où plusieurs étaient assemblés et priaient" (Actes 12:12).
À Philippes (en Macédoine), quand Lydie, la marchande de pourpre, crut au Seigneur Jésus et fut baptisée, elle ouvrit aussitôt sa maison aux serviteurs de Dieu et à l’assemblée naissante (Actes 16:14 et 40).
À Troas (en Asie Mineure), l’assemblée était réunie dans une chambre haute située au troisième étage. Elle était réunie le premier jour de la semaine (dimanche) pour rompre le pain (Actes 20:7).
À Rome, il y avait une assemblée dans la maison de Prisca et Aquilas (Rom. 16:3 -5). D’autres groupes de croyants devaient se réunir ensemble selon Rom. 16:14-15.
À Corinthe, il semble que toute l’assemblée était accueillie dans la maison de Gaïus qui donnait également l’hospitalité à l’apôtre Paul lui-même (Rom. 16:23).
À Ephèse, nous voyons une assemblée réunie dans la maison d’Aquilas et de Priscille, ce couple chrétien sympathique ayant quitté Rome pour s’établir à Ephèse (1 Cor. 16:19).
À Laodicée, il y avait une assemblée dans la maison de Nymphas (Col. 4:15).
À Colosses, une assemblée se réunissait dans la maison de Philémon (Philémon 2).
D’après ces textes, nous voyons les chrétiens de l’Église primitive se réunir pour le culte, l’adoration, la sainte Cène et la prière dans des maisons privées. Ils n’avaient aucun "lieu de culte" mis à part et consacré. N’y a-t-il pas ici pour nous aujourd’hui un enseignement assez clair? Ne ferions-nous pas bien de revenir à la Parole de Dieu pour retrouver la simplicité et l’humilité de l’Église primitive? Sommes-nous aujourd’hui plus spirituels que ces disciples qui étaient remplis du Saint-Esprit? (Actes 13: ch52).
Si l’on dit que la persécution était un obstacle à l’érection d’édifices religieux, nous répondrons que l’Église du premier siècle n’a pas toujours été persécutée. Exemple: "Les assemblées donc, par toute la Judée et la Galilée et la Samarie, étaient en paix, étant édifiées et marchant dans la crainte du Seigneur; et elles croissaient par la consolation du Saint-Esprit" (Actes 9:31). Cependant, on ne pensait pas alors à bâtir de lieux de culte.
Quand le nombre des disciples augmentait et qu’une maison privée ne pouvait plus les recevoir tous, on ne songeait pas à bâtir une salle plus vaste, un "lieu de culte". On cherchait simplement une autre maison privée, une autre famille chrétienne qui avait conscience du grand privilège qu’il y a de recevoir dans sa maison l’assemblée de Dieu; et ainsi de suite.
Ce ne fut que lorsque l’Église du Seigneur s’établit dans le monde (mais pas avant) que l’on commença à bâtir des salles, des chapelles, des églises et des cathédrales. Est-ce vraiment selon la pensée de Dieu d’investir des sommes parfois très élevées dans la construction, l’entretien ou la location de salles, lorsque nous ne trouvons pas un seul exemple de cela dans l’Écriture Sainte?
Mais ici se présente une objection. On nous dit: "Les personnes non converties ne veulent pas venir dans une maison privée. Si nous faisons une jolie salle, elles viendront plus facilement." Cette objection ne nous paraît pas fondée, car ceux qui n’ont pas le courage d’entrer dans une maison privée n’entreront pas non plus dans une salle publique. Au contraire, nous croyons qu’il est plus facile d’amener une personne qui cherche le Seigneur dans une maison privée que dans une salle publique.
Un avantage des "assemblées de maisons" est celui de pouvoir mieux évangéliser chaque quartier d’une même ville, chaque "assemblée de maison" étant une lumière autour d’elle. On peut inviter les voisins à venir écouter la Parole de Dieu. Un autre avantage est que chaque frère peut croître spirituellement beaucoup mieux dans ces réunions de famille ou de cuisine. Il y a plus d’intimité, plus de liberté. Tous peuvent prier sans crainte. N’oublions jamais que le Seigneur Jésus a fait une merveilleuse promesse: "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux."(Mat. 18:20). Le Seigneur pensait aux assemblées dans les maisons.
Lorsqu’on supprime les "réunions de quartier" pour centraliser la vie de l’assemblée dans une seule et même salle de culte, cela ne constitue généralement pas un progrès pour l’assemblée locale, mais conduira plutôt à un recul de la vie spirituelle de la communauté. Quelques frères prendront toute la charge des réunions, alors que les autres s’engourdiront et s’endormiront.
En conclusion, nous demandons à tous nos frères et sœurs bien-aimés de bien vouloir étudier sérieusement les textes divers cités ci-dessus et de réfléchir à cette question. Si une persécution survenait, toutes les salles pourraient être fermées et nous serions obligés de nous réunir dans des maisons privées pour la fraction du pain et les prières. Devons-nous attendre cela pour revenir à la Parole de Dieu? Ne serait-ce pas préférable de retourner aujourd’hui au modèle que nous trouvons dans la Parole de Dieu?