Le Lien des cellules de prière

305 | Avril 2023

L’amour au sommet de la pyramide

Chers amis, je vous propose de nous pencher ici sur un passage biblique qui m’apparaît être d’un grand secours pour accompagner notre vie de chrétiens sur la terre. Il s’agit des douze premiers versets de la deuxième épître de Pierre.

En introduction de sa seconde épître, comme c’en était l’usage dans la correspondance antique, l’apôtre Pierre écrit clairement à qui elle est adressée:

«... à ceux qui ont reçu en partage une foi du même prix que la nôtre... ».

Ainsi, si nous croyons avoir reçu en partage une même foi que Pierre et ses compagnons, alors nous faisons aujourd’hui encore bel et bien partie des destinataires de cette lettre. Mais quelque chose m’interpelle déjà dans cette phrase.

Cette expression « reçu en partage », à propos de la foi, contient dans le texte grec la notion de « tirage au sort », ce qui peut nous sembler d’une grande injustice. Pourtant Pierre prend bien soin d’ajouter : «par la justice de notre Dieu et du Sauveur Jésus Christ».

Ainsi, plutôt que d’une répartition laissée au hasard, il s’agit bien d’une décision empreinte de justice divine qui, d’une part, empêche peut-être celui qui a reçu la foi de s’enorgueillir, ou de juger celui qui ne l’a pas (encore ?) reçue. Et d’autre part, qui rappelle au croyant que la foi dont il bénéficie est un cadeau de Dieu à faire fructifier et non une récompense ou un salaire qui lui seraient dus.

Une première bonne nouvelle

Pierre poursuit sa salutation par une bénédiction qui nous souhaite que la grâce et la paix de Dieu soient multipliées en nous. En toute logique, si elles peuvent être multipliées, c’est qu’avant de faire quoi que ce soit, nous en avons déjà tous reçu quelque chose qui, comme une semence mise en terre, demande à être cultivé pour se développer et porter du fruit. Quelle merveilleuse nouvelle !

Mais alors, quel en est le facteur de multiplication ? Pierre nous dit que c’est la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur.

Intéressant ! Mais
connaissance parle-t-il? Le terme grec traduit ici par « connaissance » est en fait plus riche que cela et prend le sens de connaissance précise et correcte. Elle implique une connaissance et une reconnaissance intellectuelle, mais aussi une connaissance spirituelle et même émotionnelle. Et comment ne pas envisager aussi l’expression juive qui associe le fait de connaître avec la relation d’intimité entre l’homme et la femme et par conséquent imaginer une intimité spirituelle avec Dieu?

Deuxième bonne nouvelle

D’une manière semblable, Dieu par sa puissance a bien sûr la possibilité de faire des miracles et de mettre le monde en mouvement. Mais encore, sa puissance divine nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, ce mot « piété » étant à prendre dans le sens de révérence et de profond respect à Dieu. Et cette fois, c’est par cette même pleine connaissance de: «celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu. »

Autrement dit, par son rayonnement divin et son excellence morale. Nous comprenons bien que c’est du Christ qu’il s’agit. Grâce et à travers Jésus, le Père nous a déjà donné tout ce qui est nécessaire pour une vie accomplie et respectueuse de Dieu et de sa volonté. N’est-ce pas extraordinaire ? Mais cela ne s’arrête pas là!

Troisième excellente nouvelle

Par l’œuvre libératrice et salvatrice du Christ, les plus grandes et les plus précieuses promesses nous ont été faites afin que, par celles-ci nous devenions « ... participants de la nature Divine ».

Prenons le temps d’imaginer ce que cela peut produire par exemple en matière d’amour, de justice, de persévérance, de paix ou encore de créativité dans notre vie de tous les jours.

Tout cela est très beau et motivant, mais qu’en est-il dans nos réalités quotidiennes ?
Après ces déclarations glorieuses et réjouissantes, Pierre n’oublie pas pour autant notre condition humaine et il ajoute :
« ... en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise. »

En effet, tout au long de nos vies dans ce monde, il y a des antagonismes qui mettent du sable dans les rouages de ce projet d’amour.

Quand Pierre parle de corruption, ce n’est pas spécialement au sens que l’on entend aujourd’hui, par exemple dans des scandales politico-économiques ou autres.
Le terme grec dit plus largement qu’il s’agit de ce qui détruit, ce qui est périssable et qui fait ici l’objet de notre convoi- tise, c’est-à-dire d’un désir et d’une attirance inappropriée parce qu’elle détourne notre regard de Dieu et met de la distance entre nous et Lui, mais aussi entre nous et nos semblables.

Pierre, tout humain qu’il est, est bien conscient que c’est le combat de toute notre vie sur terre et il nous encourage vivement à suivre son conseil avec assiduité. Ce n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler des paroles de l’apôtre Paul, lorsqu’à plusieurs reprises il prend l’image du coureur qui s’efforce de gagner sa course avec toute la discipline et l’entraînement que cela nécessite1.

En bon « coach », Pierre nous fait alors ses recommandations sous la forme d’une liste dont les divers éléments s’imbriquent les uns dans les autres comme des matriochkas2.

La base, c’est la foi qui, je le rappelle, est cadeau de Dieu et qui englobe la fidélité, la confiance ou encore la conviction.

Cette foi est le terreau de la vertu. La vertu c’est une grandeur morale qui porte en elle l’idée d’élévation de l’être. Mais cette vertu doit faire grandir notre soif de connaissance, notre sagesse. Et cette connaissance permet à son tour d’améliorer la maîtrise de soi, c’est- à-dire la capacité de ne pas être les esclaves de nos désirs et de nos passions. Cela doit alors avoir pour conséquence de renforcer notre patience.

La patience, c’est la capacité à endurer les difficultés, les souffrances, les désagréments ou les retards inévitables dans ce monde.

La patience, par le fait qu’elle ne laisse plus les difficultés nous éloigner de Dieu, favorise la piété qui est la révérence, le profond respect envers Lui.

De ce respect envers Dieu, qui est Amour, découle alors l’amour fraternel qui nous unit avec nos frères et sœurs dans la foi. Finalement, nous arrivons au sommet de la pyramide qui est l’amour, la charité, l’affection, la bienveillance.

L’apôtre Pierre ajoute alors la conséquence directe pour qui s’attache à suivre sa recommandation, à savoir le fait de ne pas être oisif ni stérile pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.

Oisif et stérile, tiens ! Ça me fait penser à la parabole des talents, avec ce serviteur qui avait juste enterré ce que son maître lui avait confié3.

Dans ce terme de «stérile», il y a l’idée de non-multiplication et donc de non-transmission d’un héritage. Car si la connaissance de Jésus-Christ est bien d’abord à recevoir et à développer, elle est aussi et surtout à partager.

Pierre poursuit en qualifiant celui qui au contraire n’a pas développé les qualités énumérées: Il est aveugle, incapable de voir loin et quelque part, la cause de cela, c’est qu’il a mis en oubli l’œuvre rédemptrice du Christ pour lui. Il n’a pas juste oublié, il a «mis en oubli». Je vois dans cette nuance l’ajout d’une responsabilité personnelle dans le fait d’oublier.

Pierre termine ce passage en résumant son exhortation à affermir ce à quoi Dieu nous appelle, et à honorer son choix pour ainsi ne plus être attiré par ce qui nous sépare de Lui, et par conséquent entrer pleinement dans la dimension du royaume intemporel de notre Seigneur Jésus-Christ. Pas seulement dans l’au-delà, mais cela commence déjà ici et maintenant.

Encore une fois, Pierre sait que cela nécessite un effort de notre part à tous et qu’il y a des hauts et des bas tout au long de notre vie et qu’il est important de se répéter ces choses pour se remobiliser et persévérer.

Ainsi, si nous faisons Église, c’est aussi pour nous encourager ensemble sur ce chemin qui peut nous sembler long et parfois difficile. Mais ayons toujours à l’esprit ces paroles du Christ:

«Prenez sur vous mon joug et laissez- moi vous instruire, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour tout votre être. Le joug que je vous invite à prendre est bienfaisant et le fardeau que je vous propose est léger. »

Matthieu11.29-30.

Questions et pistes de réflexion

1. Comment expliquer ce choix de Dieu de ne pas simplement donner la foi à tout le monde, mais de la distribuer ?

2. En dehors des extraits déjà mentionnés, cherchez dans vos Bibles plu- sieurs textes qui insistent sur la persévérance et les efforts qui nous sont nécessaires afin de ne pas nous perdre sur des chemins sans issue?

Notes

1 : Voir Actes 20.24; 1 Corinthiens 9.24; Colossiens 2.18; 2 Timothée 4.7

2 : Petites poupées russes

3 : Voir Matthieu 25.14-30