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312 | Janvier 2025

Jésus-Christ a été fait sagesse pour nous

Depuis l’Antiquité, notre monde fourmille de sages qui ont réfléchi au sens de la vie et à la manière la plus judicieuse de trouver le bonheur. Dès notre jeunesse, on nous apprend à les écouter et à forger notre propre sagesse, afin que nous puissions devenir indépendants et forts dans la société.

Lorsque nous rencontrons le Christ, nous sommes déroutés par une vision du monde très différente. Nous découvrons que tous nos efforts accomplis jusque là pour devenir sages se soldent par des résultats médiocres. Nous tournons en rond dans notre bulle, ce qui est très humiliant ! Il y a de quoi se décourager ; mais heureusement, la Bonne Nouvelle de l’Évangile nous offre la possibilité de sortir de cette bulle et de découvrir la sagesse de Dieu, qui nous était jusque là inaccessible. C’est une autre dimension, que nous n’aurions pas trouvée tous seuls. Pour en parler, je vous propose d’étudier l’histoire de l’Église de Corinthe et notamment les conflits entre ceux qui y prêchaient diverses sagesses humaines et l’apôtre Paul qui annonçait la sagesse de Dieu.

L’Église de Corinthe tiraillée entre plusieurs sagesses

L’Église de Corinthe a été fondée et édifiée pendant deux ans par l’apôtre Paul (de 52 à 54). Elle est partie sur de bonnes bases et a reçu tous les dons spirituels qu’une Église peut souhaiter avoir. Mais, après le départ de Paul, arrivent des prédicateurs d’arrière-plans judaïsants ou grecs qui enflamment les fidèles grâce à leur éloquence et leurs discours persuasifs de la sagesse. Ainsi se créent des clans autour de ces personnages et des conflits entre eux. Ces prédicateurs se vantent de leur sagesse et se placent au-dessus de Paul et des douze apôtres. Ils ne se gênent pas d’apporter un autre évangile que celui que Paul leur a enseigné.

La situation est suffisamment grave pour que l’on demande à Paul d’intervenir, même s’il n’est plus à Corinthe. Paul envoie donc une première lettre aux chrétiens de Corinthe. Cette lettre sévère est admirable par son intelligence et sa profondeur spirituelles.

Après avoir remercié le Seigneur pour tous les dons qu’Il a accordés à cette communauté, Paul exhorte ses frères et sœurs à ne pas avoir de divisions, car Christ n’est pas divisé ; puis il leur fait un discours extraordinaire sur la sagesse, montrant la folie et la petitesse de la sagesse humaine par rapport à la grandeur de la sagesse divine1.

Au début de notre Humanité, grâce à leur intelligence, les hommes auraient dû normalement reconnaître les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinità 2. Mais la raison humaine a été infidèle à sa mission ; elle a refusé de glorifier Dieu comme tel et de le remercier pour ce magnifique cadeau. C’est pourquoi il a plu à Dieu de se révéler tout autrement et de sauver les croyants par un moyen complètement fou et scandaleux : Jésus-Christ mort et ressuscité. Cette mort est une folie pour la sagesse humaine, elle est incompréhensible et irrecevable ; mais elle est une sagesse pour ceux qui croient en Christ. Paul en vient à dire que Jésus a été fait sagesse pour nous 3. Cela signifie que connaître Jésus est le moyen pour les humains de comprendre la sagesse de Dieu. Il n’y a pas d’autre chemin qui mène à Lui.

Comment annoncer la sagesse de Dieu ?

Pendant tout le temps passé dans l’Église de Corinthe, Paul a rendu témoignage de l’œuvre du Christ, sans la sagesse du langage, c’est-à-dire sans chercher à convaincre ses auditeurs par de brillants discours. Il ne s’est pas comporté comme certains prédicateurs qui flattaient l’intellect des fidèles par de belles paroles dans le but premier de grandir à leurs yeux. Non ! Paul a renoncé à tous ces artifices pour faire une démonstration de la puissance de Dieu.

Comment ? Par des miracles et en disant les paroles que le Seigneur lui demandait de proclamer, des paroles qui touchent les cœurs pour les amener à la repentance et à une nouvelle ouverture à Dieu. Paul cherchait avant tout à présenter Jésus, mort et ressuscité, le seul capable de les conduire au Père et de le révéler.

Paul adresse un sérieux avertissement aux prédicateurs de Corinthe et également à ceux de tous les temps : « Quelle sagesse voulez-vous annoncer ? La sagesse des hommes ou celle de Dieu ? »

Si vous annoncez la sagesse des hommes, vous serez sans doute reconnus et adulés, vous aurez un succès apparent, mais vous n’aurez aucune action spirituelle en profondeur. Si vous annoncez la sagesse de Dieu, vous ne serez pas appréciés par tous et certains vous rejetteront ; mais la puissance de Dieu agira chez ceux qui s’y ouvriront et votre ministère portera des fruits.

Le chemin de Dieu pour découvrir Sa sagesse

L’apôtre Jacques dit ceci : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée. » Jacq. 1.5.

Le problème est que, bien souvent, l’homme se confie en ses propres forces et en sa propre sagesse et il ne voit pas la nécessité de chercher en Dieu ce qu’il croit trouver en lui-même. Comment amener un tel homme à placer sa confiance en Dieu plutôt qu’en lui-même ? De nombreux témoignages bibliques nous montrent que c’est lorsqu’ils arrivent au bout de leurs limites que les croyants perdent leur confiance en eux-mêmes et se tournent résolument vers Dieu. En voici deux exemples :

Moïse, fils d’Hébreux, fut élevé à la cour de Pharaon et reçut la plus haute éducation possible. Il crut pouvoir se servir de son influence pour venir en aide à son peuple, mais ce fut un échec cuisant4. Il dut fuir dans le désert où il passa quarante ans comme berger. Là, il rencontra Dieu et apprit à renoncer à sa propre sagesse pour faire place à celle de Dieu ; il devint ainsi un serviteur puissant et le plus grand conducteur du peuple d’Israël5.

Ce chemin d’humiliation et d’obéissance n’est pas naturel et spontané chez le croyant, et personne ne peut l’éviter s’il veut vraiment servir le Seigneur. D’ailleurs, Jésus lui-même a dû passer par là. L’auteur de l’épître aux Hébreux (5.8) dit ceci de Lui :

« il a appris, bien qu’il fût Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes. »

Paul était un éminent pharisien, très influent grâce à son intelligence, ses connaissances et sa ferme détermination à protéger le judaïsme de toute influence extérieure susceptible de le souiller. Les chrétiens étant considérés comme une menace sérieuse, il avait décidé de les pourchasser et les éliminer. Mais, en route vers Damas pour y accomplir sa mission, il fut stoppé net par une apparition glorieuse de Jésus-Christ, qui le fit tomber de son cheval et le rendit aveugle pendant trois jours. Terrassé dans son corps et son esprit, Paul comprit alors la vanité de sa sagesse6 et, après avoir reçu le Saint-Esprit, il s’ouvrit pleinement à la sagesse divine. Ses nombreux écrits et témoignages attestent ce changement complet de mentalité.

Pour éviter que Paul ne revienne en arrière, il a plu à Dieu de le maintenir dans une situation précaire, ce qui l’obligeait à garder toute sa confiance en Dieu. Paul l’a d’ailleurs très bien compris et se réjouissait pleinement de cette tutelle divine. Dans sa lettre, il ne manque pas de rappeler aux prédicateurs orgueilleux de Corinthe toutes les souffrances qu’il a dû endurer dans son ministère d’apôtre. Il l’a fait par amour pour le Seigneur et pour ses frères et sœurs de Corinthe. Il se plaît également à rappeler que la puissance de Dieu s’accomplit dans la faiblesse. C’est dans ce regard lucide sur soi et dans l’acceptation de ses propres faiblesses que le chrétien se tourne résolument vers Dieu pour chercher en Lui force, conseil et sagesse.

Les chrétiens de Corinthe se croyaient très spirituels, mais ils acceptaient sans difficulté des hérésies et des comportements scandaleux dans leur communauté. De quelle sagesse se nourrissaient-ils ?

Un enseignement pour aujourd’hui

Le discours de Paul sur la sagesse s’adresse à nous aussi aujourd’hui.

Comme dit au début, depuis tout petits, nous sommes formatés pour développer au maximum notre intelligence et nos capacités afin d’être vraiment autonomes et faire notre place dans la société. Tout au long de notre éducation, nous découvrons les sagesses humaines, auxquelles nous apprenons à donner beaucoup de valeur. Et puis, lorsque nous découvrons le Christ, nous comprenons que notre sagesse n’est pas utile pour connaître Dieu. Que faire ? Devons-nous devenir idiots pour pouvoir connaître la sagesse divine ? Non ! Certainement pas ! En revanche, nous sommes invités à nous ouvrir à l’action du Saint-Esprit qui va renforcer et orienter différemment toutes nos facultés.

Moïse n’a pas perdu ses facultés en obéissant à son Dieu.

Vraisemblablement, ses connaissances des lettres et de l’écriture lui ont permis de mettre sur parchemins les révélations divines, afin de les transmettre aux générations suivantes.

Paul, après sa conversion, est resté un homme d’une haute intelligence, soumis pleinement à Dieu. Il a pu ainsi être d’une grande utilité pour mettre par écrit les fondements théologiques du christianisme. Chez tous ces serviteurs, la sagesse de Dieu a pris le dessus sur la sagesse humaine et leur intelligence a été transformée.

Et nous, petits serviteurs, nous sommes à la même enseigne. Si nous voulons avoir un ministère de puissance, nous devons suivre le même chemin d’humiliation et d’obéissance pour comprendre la nécessité de donner la priorité à la sagesse divine. C’est alors que sa puissance pourra se manifester en faveur des autres au travers de nous.

Quelqu’un me disait un jour : « Mais voyons, c’est ridicule de déranger le Seigneur en lui parlant de nos petits problèmes quotidiens ! » Avait-il raison de dire cela ? Non ! Nous ne le dérangeons pas ; bien au contraire, nous l’honorons et lui faisons plaisir lorsque nous sollicitons son conseil. Si Jésus a jugé nécessaire de consulter son Père sur ce qu’il devait faire et dire, dans les moindres détails, pouvons-nous prétendre faire mieux que lui en dépendant de notre propre sagesse et en nous passant du conseil du Père ? Non ! C’est dans cette dépendance quotidienne et continue que nous pourrons suivre vraiment le chemin que le Seigneur nous trace jour après jour et être efficaces dans son œuvre.

Quelles que soient les décisions que nous devons prendre, grandes ou petites, faisons appel à sa sagesse ! Passons du temps pour l’écouter, réfléchissons avec Jésus dans la prière, tout en nous souvenant que nous restons responsables de la conduite de notre vie ! Le Seigneur ne prendra jamais cette responsabilité à notre place.

Le chrétien se trouve effectivement dans une situation assez paradoxale : il est pleinement responsable de sa vie et de ses choix, et en même temps, il vit dans la dépendance de son Seigneur. Aux yeux du monde, cela peut paraître contradictoire, mais dans la réalité de la vie spirituelle, ces deux attitudes sont parfaitement compatibles. Pourquoi ? Parce que nous gardons en tout temps la liberté d’obéir ou non aux conseils que le Seigneur nous donne. C’est notre responsabilité de chaque instant.

Oui ! Jésus a été fait sagesse pour nous, et nous pouvons en profiter. Invitons-le chaque jour à notre table pour parler avec lui7, regardons-le, méditons ses enseignements, vivons de sa Vie et suivons-le ! C’est ainsi qu’il sera glorifié aux yeux de tous ceux qui nous regardent vivre.

 

Notes de bas de pages

1 : 1 Corinthiens 1.17-2.16

2 : Romains 1.20

3 : 1 Corinthiens 1.30

4 : Exode 2.11-12

5 : Exode 1-4

6 : Philippiens 3.8

7 : Apocalypse 3.20