Le Lien des cellules de prière

154 | Juillet 1985

Convertissez-vous

C’est le cri qui retentit tout au long de la Bible! "Revenez, fils rebelles, je veux guérir vos rébellions." (Jér. 3:22), "Revenez à moi de tout votre cœur… déchirez votre cœur, revenez à l’Éternel votre Dieu…" (Joël 2:12-13), "Repentez-vous, car le Royaume de Dieu est tout proche", (Jean le Baptiste, en Mat. 3:2). "L’heure est venue, proclame Jésus, repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle." (Marc 1:15), et les apôtres s’en vont partout "prêcher la repentance" (Marc 6:12); "et J’ai prêché, dira Paul, qu’il fallait se repentir et se tourner vers Dieu en posant des actes qui montrent que ce repentir est vrai." (Actes 26:20)

Sans la conversion, personne ne peut être sauvé! Jésus l’a dit clairement: "Personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s’il ne naît de nouveau" (Jean 3:4). C’est le passage obligé pour entrer dans le Royaume! Sans une véritable conversion, on pourra toujours participer à un groupe de prière, et même recevoir des manifestations du Saint-Esprit, on ne connaîtra jamais la joie complète de Dieu, et on ne pourra jamais porter du fruit en abondance. Quel que soit notre passé, vie de débauche ou pratique religieuse régulière, il nous faut tous, un jour ou l’autre, passer par une radicale conversion. Si la Samaritaine y est appelée (Jean 4), Nicodème n’en est pas dispensé (Jean 3)! "Il nous
faut naître d’en haut." (Jean 3:7). Comment est-ce possible? Par la repentance et la conversion: "Repentez-vous et convertissez-vous", dit Pierre dans le livre des Actes (3:19).

1.
La repentance (en grec: métanoia). C’est la première étape. Elle se passe au fond du cœur. En face de Jésus-Christ crucifié, de toutes ses souffrances et de tout son amour, je prends conscience de mon égoïsme et de mon péché: "Il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes" (Es. 53:5), et je crie vers lui qui, seul, peut me purifier: "Pitié pour moi, mon Dieu, en ta bonté; dans ta grande tendresse, efface mon péché… lave-moi tout entier de ma faute… contre toi, toi seul, j’ai péché…" (Ps. 51:3). C’est là le premier pas qui peut conduire à la vie. L’Évangile nous raconte la merveilleuse histoire de l’enfant prodigue (Luc 15:11-32). Enfoncé dans son péché, il rentra en lui-même et se dit: "Je veux partir pour retourner chez mon Père, je lui dirai: Père, j’ai péché contre Dieu et contre toi!" (Luc 15:17-18).

2.
La conversion (en grec: épistréphô) accompagne normalement la repentance. Le terme est employé en ski. Le skieur fait une "conversion" quand, lancé dans une direction, il stoppe presque sur place et repart dans la direction exactement opposée. Pour Dieu, l’homme – tout homme – est tourné vers le monde depuis sa naissance (et donc, même sans le savoir, vers le prince de ce monde, le diable); il se convertit quand il s’arrête brusquement, se retourne vers Dieu, et change radicalement sa façon de vivre (cf. Actes 3:19; 26, 20). Un autre exemple de l’Évangile nous fait bien comprendre la conversion. Zachée n’en reste pas à pleurer ses fautes, il entre dans une vraie conversion: "Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai volé quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois ce que je lui ai pris." (Luc 19:8) Repenti et converti, Zachée est passé dans le Royaume de Dieu: "Aujourd’hui, le salut est arrivé dans cette maison", dit Jésus (Luc 19:9).

La repentance est facile à comprendre, mais nous avons bien du mal à comprendre ce qu’est une vraie conversion. Un jour, je prêchais sur ce sujet, quand une dame se leva et me dit, agacée: "Mais enfin, je vais très souvent à la messe, et j’ai une sœur religieuse (!), est-ce que j’ai encore besoin de conversion?" Cette dame n’avait rien compris. Comme beaucoup de gens de nos églises, elle s’imaginait qu’une pratique religieuse pouvait tenir lieu de conversion! Elle était comme Nicodème, qui observait scrupuleusement la loi, mais se demandait sans cesse, sans comprendre, "comment naître de nouveau" (Jean 3:4).


Essayons de voir, concrètement, ce qu’est une véritable et radicale conversion.

Quittez vos idoles
Dieu a horreur de l’idolâtrie (Es. 44:6; Jér. 10:1), de tous les dieux païens et de toutes les pratiques païennes (Deut. 18:1; Lév. 19:31). Car il est seul et unique Dieu (Es. 44:6), et il veut pour nous la sainteté: "Soyez saints, parce que je suis saint." (Ex. 19:2)

Une vraie conversion commence par la rupture d’avec tout ce qui n’est pas de Dieu: spiritisme sous toutes les formes, magie, pornographie, fréquentation des sex-shops, débauche, drogues, injustices, haines, vols, tricheries, etc., et de toutes les idoles que nous nous sommes forgées (Ex. 32:1,4).

Un jour, dans une prière, le Seigneur me donna un don de connaissance, et je dis à une personne: "Tu dois brûler l’image que tu as chez toi." Elle ne comprenait pas. Finalement, elle découvrit qu’elle était attachée à un portrait du président Kennedy qu’elle n’aurait pas donné pour tout l’or du monde! Après bien des hésitations, elle brûla ce portrait… et elle redécouvrit son mari. Cette image était devenue dans sa vie une idole qui lui avait dérobé l’amour de Dieu et l’amour de son mari!

Dans les Actes des Apôtres, on lit ceci: "Beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient faire leurs aveux et dévoiler leurs pratiques. Bon nombre de ceux qui s’étaient adonnés à la magie apportaient leurs livres, et on les brûlait en présence de tous." (Actes 19:18-19) Quand on se convertit, il faut souvent faire comme ces premiers chrétiens, passer sa maison en revue, et brûler ou jeter tout ce qui pourrait "donner prise au diable" (Eph. 4:27).


Renoncez à tout
Dieu est le seul et l’unique. Tout le reste doit lui être soumis. Jésus précise, en Luc 14, trois domaines qui doivent lui être totalement abandonnés, si nous voulons être ses disciples. Celui qui ne fait pas cela, dit Jésus, ne peut pas être mon disciple!

1. "Celui qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple" (Luc 14: 33). Cela ne veut pas dire que je dois tout vendre, bien que certains y soient appelés (Luc 18:22-23). Mais à tous, Jésus demande le renoncement total à tous les biens. Je remets tous mes biens à Jésus; je reconnais que tout lui appartient. Avant, j’en faisais ce que je voulais. Désormais, je demanderai à Jésus ce que je dois en faire, que ce soit pour ma grosse fortune sur mon compte en banque ou pour un billet de 10francs, que ce soit pour ma belle maison ou mes beaux meubles… ou pour mon litre de rouge si je suis clochard. L’appel est universel. Plus rien n’est à moi.

2. "Celui qui ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière moi, ne peut pas être mon disciple." (Luc 14:27) Prendre sa croix ne veut pas dire d’abord souffrir. Quand Jésus a rencontré le paralytique, il ne lui a pas dit: "C’est bien, tu portes ta croix, continue." Il lui a dit: "Lève-toi et marche." Pour Jésus, porter sa croix, ce fut avant tout être fidèle au Père, quoi qu’il en coûte. Pour nous, c’est être fidèle au Christ quoi qu’il en coûte. Je suis disciple de Jésus, je suis fier de vivre et de dire ma foi, je ne peux plus tricher. Tant pis si cela me coupe de certaines relations, si j’ai des ennuis à mon travail. Je suis à Jésus envers et contre tout.

3. "Celui qui vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à sa propre vie, ne peut pas être mon disciple." (Luc 14:26) La phrase est violente. Le verbe "haïr" est une façon hébraïque de parler, utilisée pour faire sursauter. Il faut comprendre: celui qui vient à moi, et qui ne me fait pas passer avant ce qu’il a de plus cher au monde, ne peut pas être mon disciple. C’est ce que Dieu avait déjà demandé à Abraham: "Prends ton fils, ton unique, celui que tu chéris, Isaac, offre-le moi en sacrifice." (Gen. 22). C’est le renoncement le plus dur.

Mais quand j’accepte ce renoncement, je peux vraiment dire que Jésus est le tout premier dans ma vie, qu’il est mon seul et unique Dieu.

Deux fiancés sont à trois semaines du mariage. Tout est prêt. En quelques jours, ils "reçoivent" une dizaine de textes sur la consécration. Je leur explique que c’est Dieu qui leur demande de renoncer l’un à l’autre, et d’accepter qu’il les appelle éventuellement l’un et l’autre au célibat consacré. Trois jours de combat et de larmes. Le troisième jour, ils acceptent loyalement toute la volonté du Seigneur, et ils renoncent l’un à l’autre! Dans les jours qui suivent, le Seigneur, satisfait de leur obéissance, confirme nettement sa volonté de les voir mariés. Leur amour renouvelé est sorti mille fois plus beau de cette épreuve!


Changez vos cœurs
Quand on a tout lâché, alors Dieu peut venir changer nos cœurs. Dans Ezéchiel, Dieu avait dit:
"Faites-vous un cœur nouveau, et un esprit nouveau; convertissez-vous et vous vivrez." (18:2 1). Mais l’homme livré à lui-même est incapable de changer son propre cœur. Et pourtant, Dieu veut ce changement radical.

Alors, si on lâche tout, si on s’abandonne totalement, c’est Dieu qui va venir lui-même transformer nos cœurs. Il va opérer une véritable transplantation cardiaque: "J’extirperai de leur chair leur cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair." (Ezéch. 11:19). Nous nous mettons alors à connaître comme Dieu, à sentir comme Dieu, à aimer comme Dieu. Nous connaissons Dieu de l’intérieur (Jér. 31:34). Nous découvrons l’écoute des autres, la patience, le pardon perpétuel et jusqu’à l’amour des ennemis: c’est Dieu lui-même qui vient aimer en nous. Notre cœur s’est mis à battre au rythme du cœur de Dieu.


Changez de vie
Dès lors, nous ne pouvons plus continuer à vivre comme avant. C’est là la conséquence de la conversion. Dieu nous dit: "Non seulement ne pèche plus (Luc 7:36), remets ta vie en ordre (Luc 19:5), mais change aussi toute ta façon de vivre." Les choses qui nous retenaient à la terre sont tombées, nous commençons, avec un cœur tout neuf, à vivre du Royaume de Dieu, nous sommes déjà "assis dans les cieux" (Eph. 2:6). Je ne peux plus être inquiet de rien, puisque tous les détails de ma vie sont dans la main du Père (Mat. 6:25-34; Phil. 4:6); si quelqu’un me donne une gifle, je tendrai l’autre joue (Mat. 5:39); si quelqu’un veut prendre mon manteau, je lui laisserai aussi ma tunique (Mat. 5:40); je partagerai tout ce que j’ai (Luc 3:11); j’irai sans cesse me réconcilier (Mat. 5:24); je serai amour, joie, paix, patience, douceur… (Gal. 5:22-23); dans toute ma façon de vivre, je serai parfait comme mon Père céleste est parfait (Mat. 5:48). Ma façon de vivre ne peut plus rester la même, elle doit être transformée.

Finalement, la conversion c’est la porte d’entrée dans le Royaume de Dieu, un Royaume de sanctification et de sainteté. Une vie où Dieu est présent à chaque instant, nous écoutant et nous répondant, recevant notre amour et nous distribuant le sien à profusion; une vie de paix, de joie, une vie abondante (Jean 10:10), une vie remplie de la puissance de Dieu (Jean 12:24), une vie où l’on n’a plus ni faim ni soif, tellement on est rassasié (Mat. 5:6). Une vie tellement belle que, lorsqu’on l’a entrevue, on ne désire plus qu’une chose : trouver la porte pour y entrer.

Frère ou sœur, tu peux toi aussi trouver la porte et te convertir. Pense à Jésus qui est mort pour toi sur la croix. Si tu as une Bible, relis Es. 52:13 à 53:12. Fais-toi petit et humble, tombe à genoux devant lui, pleure sur ton égoïsme et ton péché, et crie vers lui avec confiance, car il a dit: "Si mon peuple, sur qui est invoqué mon nom, s’humilie, prie et me cherche, je l’exaucerai des cieux, j’effacerai son péché, et son pays je guérirai." (2 Chron. 7:14) Puis, reviens vers Jésus, le Christ, fais le tour de ta maison et brûle tout ce qui donne prise au diable, donne à Jésus tes biens matériels, ta place dans le monde, et tes affections les plus chères, laisse le changer ton cœur, et change complètement ta façon de vivre en te demandant souvent: "Qu’est-ce que Jésus ferait à ma place?" Rejoins des frères chrétiens, goûte avec eux la joie inexprimable du Royaume de Dieu, et va partout annoncer la Bonne Nouvelle!